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PAS DE THÈME |
Gewurtztraminer Clos saint-Landelin, René Muré, 1996 Rully 1er cru "les Cloux", Jacqueson, 1993 Chambolle-Musigny, domaine G.Roumier, 1990 Château Pichon Comtesse de Lalande, 1988 Cabernet d'anjou, 1967 Château de Pierre Bise, Côteaux du Layon Chaume, 1996 Cru Barréjats 1995 Côteaux du Layon "Maria Juby 1997", Patrick Baudouin |
François
Ben oui, fallait que ça arrive. A force d'entendre les récits de soirées, rencontres et autres journées thématiques de iacchossiens dans le grand nord (genre Angers, Paris, Epernay ou que sais-je, enfin que des endroits à un peu plus qu'une portée de fusil), on a craqué. N'en pouvant plus d'attendre une virée dans le Château9, on a décidé, à l'initiative de Michael (garçon, un demi), d'organiser une soirée "coup de coeur", ou chacun amènerait sa bouteille favorite.
Marc ayant proposé d'héberger la fête, c'est donc à Saint-Pierre de Chartreuse, village perdu sur un haut-plateau (et occasionnellement station de ski de renommée même pas cantonale) qu'on s'est retrouvés, les quatre iacchossiens répertoriés de Grenoble (Marc, Michael, Pierre et votre serviteur), plus deux invités (Alain et Claude), plus Florent S. de S. qui n'était pas là mais qui s'est fait représenter par une bouteille, bonne idée, plus Francis qui n'était pas là non plus mais s'était fait représenter par un feu dans la cheminée :-), plus madame Marc Bavay, Corinne, unique femme de la soirée, les autres étant restées à la maison garder les enfants, j'ai rêvé ou quelqu'un a dit macho ?
Marc avait suggéré qu'on cache les bouteilles, histoire de se la faire à l'aveugle. Bien vu, l'atmosphère qui était déjà chaleureuse au départ est devenue franchement détendue après que tout le monde se soit planté en beauté. On a donc commencé (après un crémant d'Alsace hors concours, proposé par Marc pour se faire la bouche) par un blanc très opulent proposé par Marc, avec des arômes fruités, de pomme notamment, servi par une belle longueur. C'était un Côte du Lubéron, ch. de Mille 98, ce que personne n'a deviné, même si à peu près tout le monde l'a situé au sud. (corbières et CDP).
Ensuite on est passés à ma bouteille. Un peu trop facile, une odeur de lychee qui vous sautait aux narines, une attaque très fruitée et pas mal de sucre résiduel. Tout le monde a dit Gewurtz, faut dire que la forme de la bouteille situait assez bien la région au départ. C'est ce que j'appelle une bouteille pédagogique : Si on expliques à quelqu'un que le Gewurtz se reconnaît à son nez de lychee, on lui sers ça ensuite et c'est bon, il a compris. C'était donc un Gewurtz GC de Muré 96 (clos saint-landelin). Claude a essayé de trouver des arômes de rose, sans grand succès.
Les autres blancs étant liquoreux, on est passés au rouge. La bouteille de Claude a plongé tout le monde dans des abîmes de perplexité. Un nez indéfinissable, dans les tons poivrés. Couleur assez claire, attaque florale avec pas mal d'acidité en fin de bouche, bonne longueur. On a proposé du Touraine, du Beaujolais (moi, en Fleurie, puisque le nez
excluait absolument le pinot). C'était pourtant un bourgogne, un Rully 93 1er cru "les Cloux", de Jacqueson. Etonnant.
On a bien retenu la leçon puisque sur le vin de pierre qui est venu ensuite, pratiquement tout le monde est parti sur la bourgogne. Faut dire qu'il était assez archétypal. On s'est rapidement accordés sur l'année 90, sauf Marc qui penchait pour un petit millésime récent, ou un grand millésime plus ancien ("Je sais pas ce que c'est mais en tous cas c'est pas un 90", sic). Comme quoi il convient de ne pas être trop catégorique. C'était bien un 90, un Chambolle-Musigny, domaine G.Roumier. Très beau vin.
Le vin suivant, celui d'alain, a surpris par son mélange de puissance et de douceur. Les convives sont partis sur le sud-ouest, Marc s'est courageusement risqué à citer Montus Prestige, les autres se sont abstenus, sentant que c'était un grand vin et ne voulant pas risquer un impair. Finalement, Michael, mis un peu sur la voie, a fini par tomber
assez près, en observant l'expression d'Alain après chaque précision qu'il avançait. "Bordeaux" - Sourire - "Médoc" - Haussement de sourcil - "Pauillac" - Exclamation.. Il n'est pas allé plus loin, dommage. C'était un Pichon comtesse 88. On a pas été très forts sur ce coup-là. Enfin, ILS ont pas été très forts, Alain m'avait mis au courant, je peux donc me désolidariser.
On est ensuite passés sur le poulain de Florent. au premier verre versé, surprise générale quant à la couleur : un vieil or avec des reflets roses. Un nez de rancio important, que Marc qualifie de "réduit" (j'aurais plutôt dit oxydé). Et pourtant un fruité qui arrivait à surnager au milieu... Personne ne s'est risqué à avancer un nom, on a ouvert : Cabernet d'anjou rosé, 1967. Mon année de naissance ! Du coup j'ai ravalé mes critiques. Ceci dit, il était pas vraiment buvable en l'état, on a décidé de le carafer et de le ressayer en fin de soirée.
Marc nous a alors proposé sa deuxième bouteille, un 50 cl de vin très gras, avec un nez de chenin important, un peu d'abricot aussi. Beaucoup de sucre résiduel, un layon pédagogique. C'était un Côteaux du Layon "Chaume" 96 du Château de Pierre Bise. Il me semblait contenir nettement plus de sucre résiduel que ce que je connaissais. J'ai donc bu avec respect ce que je croyais être mon premier "monstre". Je ne pouvais pas me tromper plus lourdement...
Ensuite Michael nous a proposé son liquoreux : Carafé en décanteur depuis 12 heures, puis renversé en partie dans sa voiture (il nous a expliqué que ça ne faisait pas partie de la préparation conseillée de ce vin). Fort de ne m'être pas trop-trop planté jusque-là, j'ai mouché d'un "Non" péremptoire un abruti qui était parti dans le sauternais (c'était qui ?). Du coup ça a marché : J'ai pas été le seul à me planter. La finesse m'a fait voir ça dans les VT de condrieu, certains sont repartis dans le layon (la prochaine fois ils rinceront mieux leurs verres). Car c'était bien un Sauternes, un Barsac Cru Barréjats 95 plus précisément, celui de Mireille. Qu'elle me pardonne.
Ensuite, Michael, encore lui, a ouvert sa deuxième bouteille. A la façon dont le vin coulait dans le verre j'ai compris qu'il se passait quelque chose. Au nez ça sentait le chenin, sans plus. Mais vu mon cuir sur le Cru Barréjats j'ai adopté le profil bas, et j'ai attendu de goûter.
Comment dire... C'était indescriptible. Du sucre, du sucre, partout du sucre. Même le sucre est pas si sucré. Après avoir versé, le goulot collait aux doigts. Bombe calorique. Rien qu'à le regarder, j'ai grossi. C'était un monstre patenté, la cuvée "Maria Juby" 97 du sieur Baudoin, dont Florent nous parlait hier. Il paraît qu'il en fait une plus sucrée, "Après minuit"... A mon avis, plus sucré ça cristallise. Vous allez rire : je l'ai trouvé déséquilibré. Je vais me faire allumer mais tant pis : A mon goût y avait pas assez d'acidité pour tout ce sucre et le résultat était un peu écoeurant. Michael et Alain étaient pas d'accord, et disaient que ça se buvait très bien. Ils ont quand même descendu trois verres d'eau chacun juste après. Je veux pas cafter mais bon.
Pour finir on a ressayé le cabernet de Florent, après 2 heures de carafage. Ben, il avait pas bougé d'un poil. Marc trouvait qu'il évoluait vers la vanille et le caramel... On en a pas trop bu, Marc l'a ressayé ce matin. Je vous transmets son commentaire : "j'ai regoûté de cabernet de Florent ce matin (si si !). les traces de réduction sont toujours là, mais un peu plus fondues et acceptables la bouche n'est pas agressive, avec un fruité particulier comme on a dit hier. il semble que l'intérêt de cette bouteille soit surtout émotionnel (33 ans) et documentaire au niveau de l'évolution d'un tel vin. faudrait que Florent nous raconte comment il voit les choses."
Ah, et puis juste avant de rentrer, Marc a voulu nous faire goûter un Barolo 82 "Conte Lorenzo Sormani, Riserva", avec contre-étiquette en allemand (?). Bizarre. Y avait plein de trucs qui flottaient, à boire et à manger, dixit Corinne. Un peu décomposé. La bouteille de trop ? Comme dit Marc, "Mieux vaut une bouteille de trop qu'une bouteille de moins".
On est rentrés prudemment, vers les 3 heures du mat', sur une route enneigée en haut et verglacée en bas. C'était pas raisonnable dans notre état, mais enfin, tout le monde est bien rentré, et personne n'a été malade, et personne n'a mal au crâne.