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BEAUNES BLANCS, NUITS ROUGES |
Meursault , J.Pierre et Laurent Prunier 1992 Meursault "les Chevalières", Chouet-Clivet 1996 Meursault "Clos de la barre", Comtes Lafon 1992 Puligny-Montrachet 1er cru "les Folatières", Henri Clerc, 1991 Bâtard-Montrachet, Leflaive, 1989 Vosne-romanée les Malconsorts, clos Frantin, 1983 Aloxe-Corton 96 Vosne-Romanée Les Beaux Monts 1er cru, domaine Bertagna, 1993 Clos de Vougeot, Jean Grivot, 1988 Gevrey-Chambertin vieilles vignes, Philippe Charlopin-Parizot, 1995 L'Oublée, Domaine de la Rectorie Cognac Vieille réserve Paul Giraud, Cognac XO Borderies Maurice Grateaud |
Les iacchosalpins attaquent la bourgogne ! On commençait à trouver le temps long, depuis le 13 avril et la visite du Florent S2S (au fait, on est les derniers à l'avoir vu vivant ?). Alors on s'est dit comme ça qu'on allait s'en refaire une petite, histoire de faire une répétition avant les venues possibles de PatChaz et de Joao L.R.H de Araujo. Comme à chaque fois on s'est demandé si on choisissait un thème, et pour une fois Pierre a eu gain de cause, on a décidé de resserrer la région de production pour mieux voir les différences d'un producteur à l'autre, et d'un millésime à l'autre. Faut dire que Pierre demande à chaque fois qu'on fasse une soirée pédagogique comme ça, alors que les autres cherchent surtout à boire des bons coups. Il est trop bosseur, Pierre. Surtout qu'il fait pas le chamionnat de la RVF (nous non plus, ni personne d'ailleurs, mais nous on est inscrits !). Marc et Alain ont proposé la Bourgogne, et histoire de resserrer un peu plus, on a décidé de limiter les vins en côtes de Beaune pour les blancs et en côtes de nuits pour les rouges. Comme ça, au hasard. On aurait pu choisir aligoté en blanc et passetoutgrain en rouge, mais en fait non. Les participants étaient les suspects habituels : Marc (Bavay), qui accueillait pour la deuxième fois notre bande de braillards et de boit-sans-soif, sa tendre et douce, Corinne, qui ne nous accueillait pas moins. Il y avait aussi évidemment Alain (Drillat), Michael (Lyons), Pierre (Payet-Burin), Philippe (Bourgeois), et moi-même. Il y avait aussi Hugues, un ami de Marc, un non-habitué donc, qui a du prendre au sérieux ce que je disais des petits nouveaux dans mes CR précédents parce qu'il a pas moufté de la soirée. Bienvenue, les amis de nos amis boivent des canons, je veux dire sont nos amis. Dans les irréductibles il manquait Claude (Chapelier), manquer la soirée a dû lui faire plus mal que la déchirure musculaire qui l'a empêché. Quelques remarques comme ça en passant : - On a dégusté à l'aveugle, on va pas changer les bonnes habitudes (tiens, j'avais tapé "habitures". Y a-t-il des fautes de frappe révélatrices, comme les lapsus freudiens ?). En sachant qu'on buvait des Beaunes blancs et des Nuits rouges, le but du jeu changeait un peu. On pouvait à la rigueur essayer de deviner le millésime, mais trouver l'apellation ou le producteur relevait plus du coup de bol que du talent de dégustateur, du moins à nos niveaux. Je dis ça pour calmer Alain et Philippe, qui sont les seuls à avoir trouvé (deux fois pour Alain, une pour Philippe) une apellation de toute la soirée. Par contre, ça présente l'énorme avantage d'éviter de se faire impressionner par l'étiquette avant de donner son avis. - Personnellement, j'aime pas le Bourgogne. Enfin, je veux dire le Bourgogne rouge. Tout le monde le sait, ici. De là à penser que tout cette soirée a été organisée pour faire de moi le vilain petit canard, il n'y a pas loin. Qui a choisi le thème, déjà ? Deux de mes comparses des tasteurs alpins ??? Bon, c'est vrai, dès le début j'ai dit qu'il y avait de bonnes chances que je ne vienne pas... En fait je précisais ça pour relativiser ce que j'ai pu dire sur certaines bouteilles. Et puis, les Bourgogne sont mes blancs préférés, ça compense. Et quand aux rouges, j'aime bien le nez, généralement. C'est l'acidité en fin de bouche qui me gêne. - Corinne, qui n'avait pas participé depuis la première soirée iacchosalpine, a été frappée de l'évolution des petites choses à grignoter qu'on prend pour accompagner le vin. En Janvier c'était pâté et fromage, y avait ni chips ni oeuf dur parce que personne n'y avait pensé. Et a la fin de la soirée on n'avait pratiquement rien mangé. Ce coup-ci, il y avait encore pâté et fromage, mais aussi pas mal de plats chauds, et un dessert (mousse au chocolat). C'est vrai qu'on mange mieux. Faudrait quand-même pas qu'on se concentre trop sur la bouffe... Fidèle à son habitude, Marc nous a servi une bouteille en apéro, histoire de se "faire la bouche". Il l'avait camouflée, donc il voulait quand-même des commentaires dessus, visiblement. Sachant que c'était probablement pas un Côtes de Beaune, on s'est tous précipités sur la seule chance de la soirée de reconnaître un vin, ça allait être plus dur après. Le vin était doré (en fait la nappe jaune avait un peu tendance à perturber la phase d'observation). Le nez était assez typé chardonnay, avec une belle acidité. Michael, fin psychologue, a immédiatement tablé sur un chardonnay hors bourgogne. Philippe est allé plus loin, en mettant ça hors de France, genre Californie. Alain n'était pas d'accord, pour lui les vins de Californie ont beaucoup (trop ?) de boisé, alors que celui-ci n'en présentait aucune trace. Pour Pierre et moi, ça ressemblait assez à un Bourgogne du nord, genre Chablis. A ce moment-là, Michael a changé son fusil d'épaule, et proposé un Chablis 98. Je trouvais ça plus vieux, genre 94 ou 95. Marc m'a dit que les 94 goûtaient assez mal en ce moment, en déchirant le papier et en dévoilant... un Chablis 1er cru Fourchaume, 91, d'Olivier Savary. C'est vrai que c'est des belles bêtes, ces vins-là. Et que ça se passe bien de fût. A partir de là, les choses se sont compliquées. Déjà, on avait 4 bouteilles de blanc sur la table, et on savait pas par laquelle commencer. Les moins boisées en premier, logiquement... Quelqu'un a proposé de goûter les 4 en parallèle, je me suis empressé d'expliquer que c'était impossible de noter quoi que ce soit dans ces conditions; déjà la dernière fois avec les trois chinon, je savais plus duquel chacun parlait... Pis chuis pas là pour faire un CR, moi. Chuis là pour participer à la dégustation, et accessoirement pour prendre des notes. Faudrait voir à pas l'oublier (notez quand-même que ça a des avantages, de faire les CR : Avec ce type d'argument je dicte ma loi. Et puis si je peux pas venir à une soirée, on essaie de la caser un autre jour.... Bref, chacun a goûté le sien et l'a fait sentir aux autres. Celui de Marc était dans un décanteur, et avec la nappe jaune il prenait une robe... genre Sauternes en plus orangé. Ca faisait envie, du coup tout le monde a été d'accord pour le goûter en premier. Le nez était assez discret, le vin était carafé depuis une heure. En bouche, il était très fin et pourtant puissant. Très beau, a conclu Philippe (c'est quoi, cette déformation qui consiste à dire qu'un vin est "beau", et pas "bon" ?). Sans avoir l'air d'y toucher, on a un peu travaillé Marc au corps pour avoir des indices. Ca nous a permis de découvrir qu'il ne savait pas que Corton était en Côtes de Beaune, ce qui a permis d'éliminer une appellation à laquelle personne ne pensait au départ mais bon, un indice obtenu par la ruse est toujours bon à prendre. Alain a continué à procéder par élimination, en déclarant que ce n'était pas un meursault non plus, parce que les Meursault avaient un "petit côté trafiqué" (je pararphrase) que ce vin n'avait pas. Amis fervents défenseurs du Meursault, attendez avant de pourfendre Alain. La conclusion est plutôt qu'il ne faut pas croire tout ce qu'on lit dans les guides. Michael a affirmé avec véhémence que c'était un Puligny. A son aise. C'était donc un Meursault 92, domaine J.Pierre et Laurent Prunier. Dommage que le concours du 17 soit annulé, Michael (qui est dans une équipe adverse) a pas trop l'air en forme en ce moment. Ou alors il s'était pas remis d'avoir dit 98 pour le Chablis. Le troisième blanc était le mien. Plus acide que le précédent, avec beaucoup de gras. Un nez jeune (un tantinet aggressif à mon avis) d'agrumes, de bois grillé (Michael), et de pétrole (Michael et Marc). Alain a reconnu un chardonnay (ils me font pas confiance, c'est fou), de 7-8 ans au maximum, tout ça sans le gouter s'il vous plaît. Après avoir goûté, Philippe l'a trouvé plus jeune que ça, 95 probablement. Pierre était d'accord avec 95, pour l'acidité. Michael n'y voyait pas un 92, et Alain a finalement tempéré son propos (j'aime pas l'expression "mettre de l'eau dans son vin") en proposant 93. La bouteille était en fait un Meursault les Chevalières 96, de Chouet-Clivet. D'après plusieurs participants, je devrais attendre les autres bouteilles. C'est dommage, c'était ma dernière. Les Beaune blancs, j'arrive pas à les acheter plus vite que je les bois. Le quatrième blanc, amené par Michael, avait une robe claire (même avec la nappe jaune), avec plein de particules en suspension. D'après Michael, c'est de la précipitation tartrique, ses bouteilles passent l'hiver au frais. Le nez était étonnant, sur le miel d'après Michael et moi, j'ai même ajouté "Miel d'acacia", j'en ai un pot en cours, chez moi. Pierre le trouvait plus évolué que juste sur les fleurs. Marc, lui, le trouvait un peu fermé... Alain a avoué n'avoir jamais vu ça en bourgogne, ni nulle part ailleurs. Michael, pour donner un indice, nous a précisé que "Le vigneron, il fait ce vin dans son jardin". Pierre était content, ça change des vins de garage. Il voyait ça en 92, au nez. Alain et Marc étaient partis sur des Puligny (96 pour Marc). Alain a même interprété de travers la réaction de Michael, et a poussé ce qu'il croyait être son avantage, en précisant "Puligny Pucelles, de Leflaive". Il cherche à impressionner Michael avant le concours, s'il a lieu un jour. Pas pour ce coup-ci. Pour les ardents défenseurs du Meursault de tout à l'heure, j'ajoute que le Puligny est parmi les vins préférés d'Alain, et je pense pas qu'il ait beaucoup de critiques contre Leflaive. Eh oui, c'était encore un Meursault, un Clos de la barre 92 des Comtes Lafon, excusez du peu. Le cinquième blanc, proposé par Alain, avait une robe or pâle, du niveau du vin de Marc mais là, c'était or pâle dans le verre, pas seulement dans la carafe. Un nez très complexe, largement sur les fruits exotiques d'après Marc, et une pointe d'amertume qui m'a fait penser à de l'oxydation, alors que Pierre y voyait plutôt du fumé. Pour le millésime on était tous d'accord pour une dizaine d'années, je voyais ça en 89, Pierre et Michael en 90. Michael a proposé un Bâtard-Montrachet 90 et moi, emporté par l'enthousiasme de Michael sans doute, j'ai proposé un Chevalier-Montrachet 89. Philippe, le pauvre, a "seulement" proposé un Puligny. On s'est trop énervés, avec Michael. C'était bien un Puligny, 1er cru les Folatières 91, de Henri Clerc. Celui qui fait un Folatières premier cru qui est bien, et un Folatières pas premier cru, qui est pour les clients de Leclerc (au même prix). Au passage, je me suis demandé s'il n'y avait pas un peu de manipulation : Il y a quelques années, le 1er cru était en vente aux foires au vin de Leclerc. Depuis 2 ans (d'après Alain qui n'en rate pas une), il a été remplacé par le non-premier-cru, même étiquette (sauf que Folatières est écrit plus petit, évidemment)... Est-ce qu'on essaierait pas de nous faire prendre les vessies pour des lanternes, une année on te fait goûter le bon, et si tu fais pas gaffe, les cinq années suivantes tu achètes l'autre... Le sixième blanc, celui de Pierre, avait un nez floral, fruité (raisins de corinthe pour moi, figue et térébenthine pour Philippe) (on s'est tous récriés sur térébenthine, alors il a ajouté "juste un soupçon"). En bouche, c'était une merveille de finesse, de rondeur, d'équilibre. Un très beau vin, quoi (ça y est, voilà que je m'y mets moi aussi). Michael, qu'on croyait endormi parce qu'on l'entendait plus depuis cinq minutes, a déclamé un "Corton-charlemagne 85". C'est tombé comme un cheveu sur la soupe, l'information principale étant que Michael était réveillé, on a pas relevé. Et puis on savait pas trop quoi proposer, faut dire. J'ai quand-même risqué que ça "ne ressemblait pas à un quelque-chose-Montrachet". Bien m'en a pris, Pierre a pas pu résister au gag, et a dévoilé son Bâtard-Montrachet 89 de Leflaive. Murmures impressionnés autour de la table. Voilà un parfait exemple de bouteille qu'on est contents d'avoir dégustée à l'aveugle, ça nous montre qu'on est pas _que_ des buveurs d'étiquettes. Evidemment, on aurait vu la bouteille avant, y aurait peut-être eu plus de superlatifs, mais bon...
François |