Juin 2000, chez Marc

PAS DE THÈME
Guest Stars : Patrick Chazallet, Eric Julien, Jean Philippe Héaumé

Patrimonio "Grotte di Sole", Antoine Arena 1997
“La casenove” (Macabeu & Torbat), Etienne Montes, 1997
Château Lamarche, “Lutet”, vieilles vignes, Bordeaux Supérieur, 1998
Château Lamarche Canon ,“Candelaire”, vieilles vignes, Canon-Fronsac, 1998
Bouscassé vieilles vignes 1989
Cos d'Estournel 1986
Montus Prestige 1989
Hermitage de Jaboulet, "La Chapelle" 1986
Gigondas, Moulin de la Gardette, 1997
Châteauneuf du Pape, Domaine de Cristia 1998
Côte rôtie “Rose pourpre”, Pierre Gaillard, 1998
Vin de pays de Vaucluse, Domaine des Amouriers "Les Hautes Terrasses" 1995
Rasteau, Domaine des Girasols, 1990
Côteaux du Layon Saint-Aubin, "Clos du Pavillon", Philippe Delesvaux, 1993
Muscat du Cap Corse “La Bonbonne”, Antoine Arena
Banyuls "Léon Parcé", Domaine de la Rectorie, 1995
Cognac Borderies xo, Mr Beau.
Bas Armagnac 1976, ugni blanc 100%, Domaine Boingnères


Les iacchossiens reçoivent


Ca faisait pas 15 jours qu'on avait rendu hommage aux grands bourgognes que la nouvelle tombait sur les téléscripteurs crépitants du QG des iacchosalpins (eh oui, on fonctionne encore avec ces vieux trucs, envoyez vos dons, en liquide de préférence).

LE Patrick Chazallet allait venir écumer les côtes du Rhône septentrionales au début du mois de juin, et c'était évidemment l'occasion de ressortir carafes, verres & flacons sans attendre l'intervalle de 4 semaines collégialement proclamé pour sauvegarder notre foie, notre permis de conduire, notre santé d'esprit et la paix des ménages. D'autant qu'il ne serait pas tout seul.

Mais je parle je parle, et je vous vois cet air perplexe : vous sentez que c'est pas comme d'habitude ? Pas le style habituel, le François ? Figurez vous que le François, pour la 2ème fois, est papa depuis quelques jours. J'entends vos cris de joie, mais cela ne suffit pas à le détourner de la noble tâche qui est la sienne chaque jour : les aller-retour Carrefour/ maison pour ramener couches/lait guigoz/lingettes/etc ... Donc c'est Marc qui s'y colle pour cette fois, au compte-rendu.

Soit dit en passant, faut le faire pour se rendre compte que c'est pas évident de prendre des notes, parce que les commentaires et les vannes fusent de tous les côtés, et qu'en même temps faut goûter aussi. Alors chapeau à ceux qui font régulièrement les compte-rendus. Il y a une période où je prenais systématiquement 2 pellicules de 36 photos aux concerts de rock, j'étais au 1er rang, j'avais un 50mm, et à la fin du concert j'avais fait de belles photos si j'avais passé mon temps à cadrer les musiciens. Sinon, j'avais profité du concert, et j'avais des photos banales. Mercredi soir, j'ai essayé de profiter de la soirée, et de prendre des notes. C'est DUR !

Etaient donc présents ce mercredi 07 juin : Philippe, Alain et François, qui étaient passés prendre Patrick Chazallet & Eric Julien (légèrement éprouvés par leur semaine : partis de Bordeaux le mercredi de la semaine dernière) à leur hôtel, Pierre, Michael, Jean-Pierre Héaumé venu de Rennes pour regarnir ses stocks, Corinne ma douce et tendre, votre serviteur, et ça se passait chez nous à St Pierre de Chartreuse.


Pour se faire la bouche, j'avais sorti un blanc que j'aime particulièrement. Philippe et Michael sont d'accord sur le Rhône et précisent roussane, St Joseph, mais ça laisse perplexe. Patrick a les sinus encombrés et plaisante d'avoir fait exprès d'être handicapé pour ne pas être ridicule. Plus sérieusement, il dit ne pas trouver là un vin de plaisir, et avec raison François souligne l'amertume de la fin de bouche. Eric apprécie quand même un vin combinant agréablement du gras et de la vivacité. Je suis assez déçu aussi, car cette bouteille ne rend pas justice au vin, que j'ai goûté dans plusieurs millésimes et quasiment toujours irréprochable, un Grotte di Sole 1997 d'Antoine Arena, Patrimonio, ouvert seulement 1/2 heure avant de la goûter., et je ne l'avais pas carafée.


Il s'avère que la soirée sera “rouge” : voici le dernier blanc, apporté par Patrick. Un nez qui semble familier, mais ... Jean-Philippe évoque Gaillac, puis le Sud Ouest, Philippe croit reconnaître le nez d'un vin du jura, et j'énonce ma 1ère énormité de la soirée (vin de voile de R.Plageoles), qui fait gentiment sourire Patrick, et le décide à limiter le champ de nos recherches : Roussillon. Le vin n'est pas évident à décrire, une bouche assez grasse et épicée, qui lui permet de s'en sortir sur le plat de Michael : du veau en viande froide; sauce mourdée. J'ai d'ailleurs peu de notes, et l'impression qu'on a surtout cherché l'analogie avec d'autres blancs connus du Roussillon comme les Canadells de la Tour Vieille, ou l'Argile de la Rectorie. Que nenni dit Patrick : pas de grenache ! Enfin il dévoile “La casenove” 1997; un vin de pays catalan cépages Macabeu & Torbat, d'Etienne Montes. Pour la culture générale, jph me dit que le torbat est le nom continental de la malvoisie corse.

Un petit tour de table pour qui servira le 1er rouge, et Patrick se lève une nouvelle fois pour ramener une bouteille de forme bordelaise. La robe est claire et brillante, le vin est jeune, et il intrigue. Personne ne se risque vraiment, jusqu'à ce que François penche pour une syrah, et je le suis dans cette option, à cause d'un nez jégèrement évolué, un peu animal et sauvage (on me rappelle gentiment le coup du vin de pays des collines rhôdaniennes de la soirée chez Alain, avec Mireille...). En bouche, le vin est très nettement sur le fruit, sans aspérité tannique mais une jolie matière. Tout ça ne délie pas plus les langues, et Eric dévoile ainsi son 1er vin : Château Lamarche, “Lutet”, 1998 vieilles vignes, en Bordeaux Supérieur. 80% merlot, 20% cabernet sauvignon, 8 mois en bariques (30% de neuf).

Les présentations étant ainsi faites, tout le monde est d'accord pour goûter un autre vin d'Eric sans jouer aux devinettes. C'est un Canon Fronsac 1998, Château Lamarche Canon ,“Candelaire”, 1998 vieilles vignes. L'air de famille avec le précedent est évident avec les différences suivantes : un nez moins évolué, plus de matière, une robe légèrement plus sombre. On retrouve un vin très sur le fruit, ce qui semble être une profession de foi chez Eric Julien, qui avoue être un peu réticent à l'égard des bordeaux en général à cause du manque de fruit. Mais il affirme que ce vin vieillira très bien. Je suis d'ailleurs surpris de la lourdeur et de l'épaisseur du verre de la bouteille. Alain, plein de sens pratique, demande combien de serterces faut-il débourser pour se procurer qqs flacons. Eric prend la balle au
bond : ce qui l'intéresserait lui, c'est qu'on lui dise combien on serait prêt à mettre pour ces 2 bouteilles. Il a fallu tendre l'oreille pour attraper quelques réponses hésitantes, mais à la louche, les limites hautes se situaient entre 35/40 pour le Bdx, et 50/60 pour le Canon. Mais ni Patrick ni Eric n'ont confirmé.


Le 5ème vin (je ne sais plus qui l'a ammené, désolé !) nous fait passer dans le monde des vins “qu'on voit presque plus au travers”. Michael y voit un Bordeaux, Philippe et Alain s'engouffrent dans la brêche, Alain précise même 1986, et moi un Saint Julien (allez savoir pourquoi...). Le vin est encore légèrement tannique, mais assez fondu pour être très agréable. L'élégance rustique. Plus perspice, Eric affirme que ça ne peut pas être un bordeaux, à cause de la finale. Pensez bien qu'à partir de là, les avis contraires se firent rares, rarissimes même, d'où une absence flagrante de notes pour ce vin. C'est un Bouscassé vieilles vignes 1989 (100% tannat). Je note au passage que nous avons plus de difficultés à commenter des vins du sud ouest, du languedoc-roussillon (surtout pour les blancs), à poser des mots sur les sensations.

Ca ne nous empêche pas d'apprécier à sa juste valeur un superbe gratin de crozets (avec force crême fraîche et morilles) apporté par Pierre, qui trouve à qui parler avec les 4 ou 5 grands vins rouges qui l'entourent. D'autant qu'il a un allié de choix en un plat de paleron mijoté depuis le matin.

Alain va chercher son flacon, et voilà la première belle unanimité de la soirée. Le nez est plutôt discret de prime abord, il faut un peu le maltraiter pour sentir un beau bouquet d'un Bordeaux de noble origine, le doute n'est plus permis cette fois. Patrick ne se fait pas prier pour le trouver très plaisant, ainsi qu'Eric : “c'est le genre de vin qui me plaît. C'est un vin charnu, souple mais plein, et Jean-Philippe en ferait bien un Saint-Julien. Décidément, Patrick l'aime beaucoup :”très beau vin, un peu trop dominé par l'alcool pour qu'il soit magnifique”. Alain déshabille son flacon : Cos d'Estournel 1986. Comme quoi on n'est pas que des buveurs d'étiquette ... Philippe me dit d'écrire qu'il avait dit Cos ... mais pas sur ce vin-là !

La bouteille suivante, celle de François semble vouloir jouer dans la même cour que le précédent. Robe très sombre, belle bouche beaucoup de fruit (Philippe), et voici Alain qui affiche ses certitudes : un Bordeaux qui n'est ni 89, 92, 88, 86, et il en ferait bien un 94. Jean-Philippe, plus prudent ne veut pas tout parier sur Bordeaux, et Pierre croie la jouer fine en misant un cépage plutôt que sur une appellation : merlot d'une dizaine d'années. Je vois à la mine réjouie de Corinne qu'elle me piquerait bien mon verre. Faudrait que je mette la main sur des primeurs 99 pour celui-là, sinon elle va m'attaquer pour non assistance de personne en danger. Qu'est_ce qu'on cherche pas comme excuses ... En tout cas les tannins sont encore présents, la trame serrée, mais le grain très fin, et le soyeux n'est plus loin. Damned, Alain Brumont a encore frappé avec cette très belle bouteille : un Montus Prestige 1989. François l'a déniché à 165F à la laiterie Bayard à Grenoble, et nous sommes nombreux à y voir une bonne affaire.


On attaque alors la série des vins apportés par Jean-Philippe, qui prend grand soin de masquer cette première bouteille. Une robe qui présente quelques traces d'évolution, un disque légèrement bruni, et un vin qui me fait lâcher mon stylo, me lever, pour mieux goûter. Fondu, complexe, long, épicé avec un côté sauvage. Ca me fait penser à un vieil Hermitage d'une vingtaine d'années, et en entendant cela, Alain, qui avait vu la bouteille, saisit le stylo et la feuille, et demande des précisions. Philippe : “La Chapelle ?”. Il y a une grosse unanimité autour de ce vin, Patrick le trouve très bon. Michael aussi, avec une certitude bien appuyée : “absolument sûr : c'est un grenache. C'est Rayas. Je n'en n'ai jamais bu, mais BB le décrit tellement bien ...” (les sourires générés par cette dernière remarque sont impossibles à traduire par des smileys
...).
C'est bien le fameux Hermitage de Jaboulet, “La Chapelle” 1986. Selon Jean-Philippe, on lui a dit que ce n'était pas dans les meilleurs millésimes, et ben qu'est-ce que ça doit être !
L'atmosphère se charge un peu plus et j'entends François glisser à Philippe : “j'ai dit “lâche la pelle!” cet après-midi !” ... Quant à Michael, il sort un superbe tablier de bar couleur lie de vin rouge, aux armes de Raymond Boulard, avec une petite pensée pour dame Jeanne. Ray was here !

C'est parti pour les vins jeunes et puissants, puisqu'on avait choisi de passer d'abord les anciens pour leur épargner une comparaison dénuée de sens (on pense à certains professionels qui cassent Beychevelle après l'avoir dégusté avec les gros costauds, n'est-ce pas Alain? )

Cette fois, nous sommes en terrain de connaissance, le Rhône est là, et bien que François avance un St Joseph 96, ça penche majoritairement vers le Rhône sud. On se croirait chez les bookmakers londoniens, on prend les paris : Alain 20% sur le Vaucluse, Michael surenchérit, 23%. Patrick, perméable à l'humour irlandais, trouve le vin “pas mal fait”. Philippe n'a pas cette délicatesse et plaisante : “tu te rinces la bouche, t'oublies la Chapelle !”. Plus sérieusement, ce vin est apprécié, bien fait, du fruit, de la matière, que Philippe situe vers Cairanne ou Rasteau. C'est un Moulin de la Gardette, Gigondas 1997.

Le dernier vin de Jean-Philippe se situe légèrement en retrait du précédent. Patrick le trouve “moyen”, Philippe “simple, pas désagréable, aimerait le revoir dans quelques années”. C'est un Châteauneuf du Pape, Domaine de Cristia 1998. Il paraît que c'est le seul domaine avec Beaucastel à chauffer avant les fermentations. A la réflexion, même en évitant les généralités, je trouve surprenant qu'un Châteauneuf 98 se trouve en retrait par rapport à un Gigondas 97.

La soirée avance, et je me laisse aller à profiter de l'atmosphère que l'on retrouve, et ce depuis la 1ère fois, à chaque réunion iacchosalpine. Les notes de dégustation se raréfient. Alain sort les fromages qu'il a ramené de la Laiterie Bayard, tous à l'assaut.


Patrick va chercher sa première bouteille : robe brillante et légèrement violacée, plein de fruit, une bouche tendre et souple, avec une matière bien présente, des tannins peu agressifs. Ca me fait penser à un Côte rôtie très jeune comme le Côteaux de Bassenon, goûté chez Y.Cuilleron. Plus de suspense, avec un petit sourire, Patrick dévoile un Côte rôtie “Rose pourpre” 1998 de Pierre Gaillard, compère de Cuilleron et F.Villard dans l'aventure des vins de Vienne. Quelqu'un a marqué sur mes notes : Alain :”Pline l'Ancien a goûté ce vin”.

Pour la 2ème de Patrick, quelques extraits choisis d'un dialogue inspiré
:
Patrick : c'est un vin rarissime
Alain : c'est quoi rarissime, moi je fais 75 bouteilles !
Patrick : pas plus de 20 hecto/ha !
Alain :ça ne m'étonne pas, moi c'est 25 hecto/ha.
M'enfin, c'est pas pareil ...

Alain le décrit comme tannique, des notes animal et goudron. Et bien que Patrick nous mette sur la voie avec la clé “syrah”, et Michael souligne “oui, mais de la syrah du sud”, on ne peut guère aller plus loin. Le vin est effectivement tannique, mais les tannins sont denses et fins. On sent un potentiel de vieillissement très important. C'est un vin de pays de Vaucluse 1995, qui a été refusé à l'agrément en Vacqueyras, parce que non typique de l'appellation. Domaine des Amouriers, Les Hautes Terrasses, de Jocelyn Chudzikiewicz. Personellement, je veux bien me contenter de vin de pays du Vaucluse... Selon Patrick, il ne reste plus que 4 bouteilles en liberté ... RDV est pris en 2005.

Emoustillé par toutes ces belles bouteilles, j'avais juste eu le temps d'aller récupérer un petit flacon qui plairait sûrement, au vu des commentaires précédents. V'là le François qui y reconnait un nez de viande carbonisée ! Pour Philippe, ce sont des pruneaux, des fruits à l'eau de vie, Michael et Alain lui trouvent un super nez, avancent le Roussillon, Jean-Philippe l'Italie, et Patrick dit que c'est un très beau vin. De mon côté, je ne suis pas objectif. J'aime beaucoup ce vin, ce côté fondu, mais riche, et un tel équilibre qu'il ne fait pas ses 14°. C'est un Rasteau 1990 du Domaine des Girasols. Patrick paraît surpris, car il a travaillé avec eux il n'y a pas si longtemps, il est peut-être surpris de ne pas avoir reconnu. J'ajoute quand même que les Girasols n'ont pas réussi d'aussi beau vin depuis, dans tout ce que j'ai goûté. Il y a même eu des déceptions (vieilles vignes 93).Coup de chance ? Quelqu'un connait ?

C'est l'heure des desserts, et avec les mousses de fruits, Philippe nous sort le vin qu'il avait prévu pour. Le nez me paraît de cendres et de coing, je penche vers un Côteaux de Saumur qui aurait aimé être aéré. François avance un Saint Aubin, lui reproche quelques années de trop et glisse un jeu de mots à base de Victor Hugo et de sans pitié, mais mon manque de culture notoire m'empêche de tout comprendre (François tu me la refais en privé ? Et tu détaches bien les syllabes). Alain enfonce le clou “Ca vaut un VT d'alsace lambda”, mais de toute façon, il ne craint rien, c'est son beauf ...


C'est un Clos du Pavillon 1993, Coteaux du Layon Saint-Aubin de Philippe Delesvaux. Philippe et Jean-Philippe accourent à la rescousse de Philippe le vigneron (normal, c'est le prénom), comme quoi ce n'est pas du tout représentatif de la qualité globale de ce domaine. Je hasarde que ce n'était pas un millésime au top en layon, et que le Jo Pithon par exemple, il a dû batailler ferme sur les rendements pour avoir des layons avec un minimum de concentration. Bref, faudra revoir les vins du Ph. Delevaux. Et Philippe, en voulant argumenter : “d'ailleurs, le 90 que j'ai encore ...” Et Alain, furibard : “comment, tu nous as servi un 93 alors que tu avais un 90 ??”. Vous inquiétez pas, toute façon, il ne craint rien, c'est son cousin ... Vous l'avez compris, Alain commençait à être bien chaud, on commençait par connaître par coeur l'effet de la malolactique sur les cépages savoyards.

Là-dessus, je suis retourné prendre une autre bouteille pas prévue (50cl, bah !), inspiré par les fausses pistes suivies pendant la soirée, et décidait de sortir une bouteille propice à d'autres fausses pistes. C'est le moment que François choisit pour rejoindre son doux foyer, dans lequel il voulait rentrer entier. Qu'à cela ne tienne, juste eu le temps d'ouvrir la bouteille, remplir son verre et je sortais dehors, poursuivant François pour lui faire goûter : “Caramel, café, mmhh ?”. A l'intérieur, ça gambergeait. Le nez faisait la part belle aux notes de rancio, mais gardait un fruité très présent. En bouche, le rancio et le fruité sont équilibrés. Alain partait sur du grenache blanc, Philippe le suivait sur du Banyuls blanc, mais inutile de les faire mariner pensais-je, mais Philippe prononça “muscat”, le bougre avait mis le doigt dessus. “La Bonbonne” d'Antoine Arena : un muscat du Cap Corse, assemblage entre un muscat traditionnel, et un muscat élevé en bonbonne comme certains banyuls.

Les desserts ne sont pas finis, la tarte au chocolat noir arrive avec la bouteille qui va bien. Le temps des devinettes est passé, c'est un banyuls. Le nez reste très discret (une surprise pour moi), comme en bouche, c'est pas évident de dire quelquechose. Patrick en rajoute : “Je reviendrais un jour où je serais pas diminué”. On a l'impression que le
vin s'est refermé : on m'avait prévenu au domaine : le boire dans les 2 ans ou attendre 10/12 ans, bien fait pour moi. C'est la Rectorie, Léon Parcé 1995. Ca sera sûrement grand, matière et tannins fins et serrés. Patrick connait bien les vins du domaine, et confirme que les 94 et 96 sont plus explosifs actuellement. Mais ça va bien sur la tarte, qui ne fait craquer ni Eric, ni Patrick, alors ils sortent leur boîte et commencent à préparer chacun un Cibao Elefantes. J'avais gardé la bouteille d'Oublée qu'on avait ouvert 2 semaines avant, il l'en restait 1/3, évidemment personne ne se fait prier, surtout pas les fumeurs de cigares, c'est un vin pour (entre autres). Je vous renvoie aux commentaires de François, et c'était toujours aussi grand. Un peu trop même selon Patrick, car son cigare ne tient pas sur l'Oublée, il en faudrait un plus fort ! Pour ceux que ça intéresse, j'ai scanné les étiquettes que j'ai réussi à décoller, dont l'Oublée.

Là-dessus, il est 1h30, Alain essaie de nous entraîner dans un chant faux (pour ceux qui ne connaissent pas, chacun chante ce qu'il lui plait). Sentant venir le danger, Michael sort son “cognac de mecs”, un Borderies xo, de Mr Beau. Finesse et puissance, excellent, à l'unanimité de ceux qui l'ont goûté. Je compare vite fait avec mon Borderies (Maurice Grateaud), y a pas photo, il est moins bon que celui de Beau. Patrick nous sort un Bas Armagnac 1976, ugni blanc 100%, Domaine Boingnères. Plus de notes à cette heure, de mémoire c'était puissant et fin, mais d'un gros caractère avec une certaine amertume qui ne peut plaire à tout le monde, en tout cas une bouche très longue.

Il est 2h30, Patrick et Eric se rentrent, ils ont déjà bien tenu le choc après une semaine assez intensive d'après ce qu'ils nous en ont dit. J'ai beau mettre “Who's next”, et Jean-Philippe crier : “Patrick reste, c'est les Who !”, c'est l'heure des braves, on se dit au revoir, c'est quand vous voulez pour remettre ça.

Et on se retrouve entre iacchosalpins, avec le jph en invité, avec les Who dans les oreilles. Faut voir Alain se prendre pour Pete Townshend,


un verre à la main ! (y a des photos !) Ca défile dans la platine cd, Stevie Ray Vaughan, Ten Years After, Jeff Beck... On dirait presque un réunion de vieux combattants. Alain nous raconte : “quand j'étais en Afrique, je faisais surtout attention aux girafes, suivant qu'elles ont des motifs carrés ou pas : c'est pas les mêmes girafes, attention ...” Effectivement, j'crois qu'c'est l'heure de faire dodo...alors qu'Alain se demande encore : “malolactique or not?”


On déplie le canapé pour le Jean-Philippe, qui a toujours son duvet avec lui, et on va aux plumes. Lever dans 3 heures ...

Marc