Mercredi 20 Septembre 2000, chez Pierre

PAS DE THÈME
Guest Star : Patrick Chazallet

Riesling GC "Eichberg", Charles Baur, 1997
Chateau Meyney 1985
Amarone della Valpolicella, Masi, 1995
Ribera del Duero, Reserva de Pesquera, 1995
Côte-Rôtie, J.L & J.M. Jamet, 1994
Montus prestige 1989 non commercialisée (36 mois de fût neuf, etc ...)
Jurancon 100% Petit Manseng, C. Hours 1995
Muscat sans AOC, la Croix Saint Roch, 1995
Gewurztraminer VT , A. Ostertag, 1997
Pineau des charentes vieux (+ de 20 ans) de Francois Voyer
Coteaux de Saumur , Clos Rougeard, 1996



Pour la premiere fois devant vous, et en exclusivite mondiale, les iacchossiens vont enchainer deux degustations a moins de 48 heures d'intervalles. Un tour de force jamais realise auparavant. Que je vous explique : fin juillet ou debut aout, Patrick Chazallet (a force de dire PatChaz je sais plus si ca prend un ou deux L) nous avait prevenus qu'il passait sur Grenoble fin septembre. Ce qui revenait a nous demander d'organiser une soiree le soir ou il etait la, ce qu'on a fait avec empressement, faut dire qu'il peut nous avoir du Coume Pascole (la, mes camarades vont se desolidariser en masse, vous allez voir ca). Il a prevenu un peu avant qu'il serait la le 20. Jusque la, tout baignait et voila-t-y pas que Florent (le Salce, vous vous souvenez les anciens, du temps ou il postait sur iacchos pour dire autre chose que "Chateau Monluc 94 a 37F20, c'est bien ?") nous avertit qu'il sera la le 22. Alors nous, evidemment, on essaie de faire coller les emplois du temps de nos deux visiteurs (sauf Michael et Alain qui etaient partisans des le debut des deux soirees). Bernique, Florent ne pouvait pas le 20 et Pat ne pouvait pas a une autre date.

La mort dans l'ame... Non, j'exagere un peu. L'alka-seltzer dans le placard, disons, on s'est resignes a faire deux soirees rapprochees. Pour faire passer le coup avec nos epouses respectives et respectables (et donc respectees), on a invente le concept de "soiree unique coupee en deux pour pas faire trop tard". Je peux vous dire que ca marche pas du tout, mais alors pas du tout. Surtout quand le "pas trop tard" devient cinq heures du matin. Malgre quelques manoeuvres dilatoires de certaines, comme celle de Catherine (cf Philippe Bourgeois) qui a ete jusqu'a a donner naissance a une petite Violette pour tenter de retenir son homme a la maison (rate, ca aurait peut-etre mieux marche si elle et le bebe avaient ete dans ladite maison), on s'est retrouves chez Pierre (Payet-Burin) mercredi pour la premiere soiree, la "Patchazienne".
Participaient :
- Marc (Bavay), l'homme qui boit tout ce qui se trouve entre Lyon et Bastia. Cherchez plus le canal du midi.
- Patrick (Chazallet, dit PatChaz ou Evohe mais c'est lui qui le dit dans ce dernier cas). Venu sans Coume Pascole, l'ignoble, mais avec deux boites de havanes dont celui avec lequel il a vainement essaye de s'immoler en fin de soiree.
- Eric (Lewin), dans le role du petit nouveau qui tripote son beret dans ses doigts gourds. Il etait arrive en stop, en disant bien "Merci monsieur" a l'irlandais qui l'avait pris. je sais pas comment il est reparti, a mon avis lui non plus.
- Susanne (Graf, mais lisez Payet-Burin), notre hotesse. Je dis rien de caustique sur elle, Pierre lui repete tout. Aucun rapport mais j'ai lu recemment un compte-rendu de "The stupids" ou le narrateur cherchait un effet comique en decrivant les epouses qui s'endormaient en pleine discussion d'experts en vins... Ces gars-la ont une imagination que je n'ai pas...
- Pierre (payet-Burin, ne lisez pas Graf), notre hote, le cafteur sus-cite.
- Alain (Drillat), l'homme qui dit Madiran plus vite que son ombre.
- Philippe (Bourgeois), recent papa de Violette, donc amateur de Syrah (?), arrive en retard et parti en avance, ca va pas etre aussi facile quand Catherine et Violette seront sorties de la maternite.
- Michael (Lyons), le futur gagnant du concours de degustation de iacchos (sauf s'il a vraiment lieu).
- Et moi, bien sûr, qui n'ai aucun defaut puisque c'est moi qui tiens le stylo.

Les vins de la premiere soiree n'avaient pas de theme (Alain travaille tout le monde au corps depuis des mois pour faire un theme Bordeaux, mais comme Pat n'est pas trop fan on a repousse le theme a la soiree avec Florent, deuxieme partie donc).

On a commence en douceur par un blanc a la robe jaune paille amene par Eric. Le nez etait mineral, un peu evolue, avec des remontees de soufre a la fin d'apres Eric, je sais pas pourquoi il denigrait son vin comme ca moi j'avais rien senti avant qu'il en parle. Apres non plus, d'ailleurs. Marc et votre serviteur sommes partis tout de suite en Riesling, et Pierre a joute qu'il etait "pas tout jeune". Du coup je me suis senti soutenu et j'ai annonce un claironnant "90" que j'ai bien essaye de rattraper plus tard. Alain etait pas convaincu que c'etait un Riesling. Eric a voulu nous donner un indice, en disant que c'etait un producteur absent du Bettanne et Desseauve, et repute pour son Muscat. Patrick a grommelle qu'il n'avait jamais ouvert un B&D, alors des indices comme ca... En gros, le consensus etait complet sur le Riesling. Alain et Pierre proposaient un 92-93, Michael et Pat 94 (Philippe, arrive plus tard et non influence par les autres, nous l'a fait version Parker : Je sens, je goute, et je dis "Alsace - GC - Riesling - 94-95". Faudrait leur dire, a ces degustateurs du dimanche, que le millesime c'est pas l'annee scolaire). On a ouvert : un Riesling GC Eichberg 97 de Charles Baur. Est-ce qu'il parait plus vieux du a l'absence de chaptalisation ?

Le vin suivant, une des quatre (arg) bouteilles amenees par Patrick, etait un rouge d'une belle robe cerise, sombre. Un nez interessant, fruite, et viande aussi, d'apres Marc. Un peu court en finale, remarque Alain qui n'affirme pas moins Madiran, suivi comme son ombre par Philippe. Susanne trouvait ca assez proche de la Dioterie. Charles Joguet n'ayant pas obtenu l'AOC Madiran pour de risibles lourdeurs bureaucratiques, et Eric insistant sur les aromes de Merlot, on a donc vu se degager rapidement... pas de consensus du tout. On a donc regarde, vu que ceux qui n'avaient pas parle avaient encore des avis differents meme s'ils n'en ont rien dit. Un Bourgeois de Saint-Estephe, Chateau Meyney 85. Avec un peu de merlot mais surtout du CS, bien essaye Eric.

Le rouge qui a suivi, propose par Pierre, etait dans une bouteille bizarre de forme Rhone mais tres epaisse (en tous cas le goulot etait tres epais). On cherche les indices qu'on peut, que voulez-vous. Un nez magnifique, tres inhabituel. De Cognac, disait Eric, de pruneau a precise Philippe. Pour moi ca sentait l'alcool en tous cas, et pour Patrick il devait y en avoir beaucoup. L'impression en bouche etait assez animale, ce qui a fait dire "Gigondas ou Chateauneuf" a Patrick. Personne n'a rien propose, meme si Alain avait envie de dire Madiran, ca se voyait. En fait c'etait un vin de venetie, Amarone della Valpolicella, un rouge sec issu de raisins passerilles. Le vin avec lequel Hannibal le cannibale deguste le foie aux feves d'un psy, alors que c'est plus indique sur du gibier (Vous conseillez quoi sur le foie de psy aux feves, la liste ?). Masi 95 pour le producteur et le millesime.

Pour la suite, Alain a verse son vin dans nos verres et la luminosite de la piece a baisse d'un coup. Une robe vraiment TRES sombre. Madiran ? a demande Philippe histoire de pallier au silence obligatoire d'Alain... Il etait concentre mais rond (Pas Alain, le vin), avec beaucoup de tanins mas pas agressifs. Beaucoup de fruit aussi. Michael a propose Pauillac, mais Alain a precise que c'etait pas un vin francais. Philippe a demande si c'etait irlandais. Pouf pouf. Finalement, Philippe et moi on a propose Rioja, ce a quoi Alain a repondu non tout de suite. Michael et Pierre savaient pas ce que c'etait mais pensaient qu'en tous cas c'etait du 95, ce qui est assez fort. Ou assez coupdebolesque. Alain a devoile son Ribera del Duero 95 Reserva de Pesquera. Ouah, deux vins etrangers le meme soir ! C'est quoi ces mauvais francais ?

Le rouge de Marc qui a pris la suite etait un peu ferme, et pas extraordinaire en bouche. Pas mauvais non plus, disons, anodin. Il avait un nez de Syrah, d'apres moi, qui me l'a fait placer dans le Rhone nord. Patrick le voyait plutot en Bourgueil-Chinon, sur la bouche. Alain etait d'accord sur la Loire, sans plus de precision. C'etait pourtant bien un Rhone nord, un Cote-Rotie 94 de Jamet. Aie aie aie, des Cote-Rotie 94 j'en ai plein...

Le rouge suivant, propose par Patrick, avait une couleur tres sombre, et un nez de GCC de Bordeaux, d'apres Eric et moi (Michael voyait plutot de la Syrah). En bouche, il etait tres tannique, mais avec des tanins bien fondus. J'ai propose un Tannat, j'aurais du m'arreter la. Parce qu'ensuite j'ai precise "Cuvee Prince Probus", qui comme chacun sait n'est pas un tannat. Bon, je suis vexe alors je me justifie : J'ai jamais bu de Clos Triguedina, je cherchais juste quelque chose de tres bon, dans la region et que je ne connaissais pas. Sauf que ce vin, je le connaissais presque. C'etait un Montus prestige 89 (ndlr : pré XL), mais pas la cuvee normale, disons un des essais de ce qui devait devenir la cuvee... ca y est, j'ai oublie le nom de la cuvee prestige du prestige. 'fin bon, c'est une cuvee qui a fait 36 mois de fût neuf, sans soutirage, sans ouillage, sans filtrage, sans fumage, sans rien quoi. La technique "le premier qui touche a cette cuve a perdu". Ben, c'est mechamment bon. Genre petit Jesus de fer dans un gant de velours. Il est important de noter, comme l'a fait remarquer Susanne, que "celui qui a dit Madiran toute la soiree, la, il a pas dit Madiran". Alain, donc, pour ceux qui lisent en diagonale.

Difficile de passer apres ca. Philippe a sorti son moelleux, avec une belle robe or brillante, et un nez de beurre frais (a mon avis) qui a fait dire a Alain que "c'est pas de la Syrah". Ce qui a coupe le sifflet a Michael, je suppose qu'il avait pourtant reconnu les aromes de violette (qui en fait venaient de Philippe, qui apprend a changer les couches). Rigolez pas, j'ai recemment fait la connaissance d'un VDP des collines rhodaniennes (blanc) avec un pourcentage non negligeable de Syrah. Bref, nous avaons ete stupefaits devant une telle sagacite, ce qui a permis a Alain d'en remettre une couche en declarant, apres avoir goûte "Aaah, c'est un liquoreux". Terrasses par la puissance de son analyse, nous l'avons battu pour le faire taire, et pour pouvoir enfin echanger nos impressions sans tous ces bruits parasites. Patrick et moi avions table sur le Jurancon (ce qui correspond bien : liquoreux et pas Syrah. J'ai propose Cauhape parce que quand meme, c'etait drolement bien), Marc etait sur le Pacherenc histoire de pas dire Jurancon, et Michael, Eric et Alain ont cru trouver des aromes de Chenin (en fait Eric a reconnu le chenin a la forme de la bouteille, c'est ce qu'on appelle de la degustation a l'aveugle). En fait de chenin, c'etait un 100% Petit Manseng, Jurancon de Claude Hours 95.

Le moelleux suivant etait la contribution de Marc, une bouteille de 50 cl (c'est pour ca qu'il s'est senti oblige d'amener un rouge). Alors nous, evidemment, quand on voit une bouteille de 50 cl on se dit chic, un vin qu'il est trop bon (ou un producteur qu'il est trop grigou) pour
les bouteilles de 75. Un nez tres alcoolise, tres fruite aussi, sur la peche. Eric y trouve des aromes de tilleul, puis menthe en fin de bouche. A mon avis on lui a servi un Saveurs du Soir refroidi... Pour le nez je penche pour un Muscat de Rivesaltes, et Patrick propose un muscat des Beaumes de Venise. Marc nous sape le moral en precisant qu'il n'est pas mute. Alors on goûte... Bonne longueur, plein de sucre, alors quoi ? De l'avis d'Alain, c'est pas un Muscat, y a trop d'amertume en fin de bouche. Je sais pas si vous avez remarque, mais generalement du moment qu'il y en a un qui dit "en tous cas c'est pas de ceci-cela", eh bien c'est toujours du ceci-cela precisement. Marc a donc devoile ce Muscat de Lunel qui n'en est pas un... Ben oui, parce qu'il est passerille et pas mute, donc pas d'AOC. Alors c'est un "Mout de raisins partiellement fermente issu de raisins passerilles", de la Croix Saint Roch à Saint Séries, ce qui fait des etiquettes de trois kilometres sur une 50 cl.

Premier moelleux de Patrick, pour continuer. Nez de pomme, pour Alain, et avec des touches d'acacia pour Eric. On ne sent pas beaucoup l'alcool, surtout apres le vin de Marc. on est quelques uns a l'avoir trouve un peu leger (il faisait 10 degres seulement, avec peu d'acidite et peu de sucre). Alain decrete que c'est un Alsace d'Ostertag, ce qui declenche une bronca de salon, a peu pres personne n'etant d'accord sur l'Alsace. Alain, pour se justifier, nous disait que si comme lui on avait bu recemment un Gewurz d'Ostertag on rigolerait pas autant. Patrick vient au secours d'Alain en devoilant la bouteille : Gewurztraminer VT 97 d'Ostertag. Alain nous explique que c'est le vin qui l'a reconcile avec les Alsace. La prochaine fois que j'y fais un tour on verra si je lui ramene du Mure et du Deiss...

Deuxieme moelleux, Patrick toujours. Robe ambree a reflets roses. On se demande si c'est un blanc avec un mout pas trop surveille ou un rose hyper-vieux. Alin goute et dit "Pinot". Bizarre. D'autant plus bizarre qu'Eric et Michael sont d'accord. Aaaaah ok ok ok, ils disent pas "pinot" mais "Pineau", pas bete. Trop tard, j'ai deja propose un Banyuls et Marc a rencheri en disant "un brut de la Rectorie", alors je peux plus me defiler. Et puis franchement ca ressemble pas au pineau des charentes que je connais. Tres fin, tres fondu, visiblement un vin mute mais plus fin que du Pineau. Patrick dechire le papier : Pineau des charentes vieux (+ de 20 ans) de Francois Voyer. Je vais reviser mon opinion sur le Pineau.

Dernier moelleux de cette premiere partie de soiree, propose par Michael. En fait, Michael voulait pas le servir, il faisait des bulles dans la carafe. On se demande s'il nous a carafe un Champagne suite aux provocations de l'americain a Paris, naif comme il est notre Michael. Alain y trouve, je cite, "un peu de gaz residuel". Il est sympa Alain, c'est pas le gaz qui est residuel, c'est le vin. Y a plus que du gaz. Mais faut dire qu'Alain a un peu de sang residuel dans son alcool (ceci dit vous noterez qu'il se plante de facon inversement proportionnel a son alcoolemie, ca doit etre son etat optimal, rond comme une queue de pelle). Difficile de juger un vin dans ces conditions. Michael nous apporte la bouteille : Coteaux de Saumur 96, Clos Rougeard, des freres Foucault. Une bouteille rare, mais qui a eu un probleme visiblement. Il faudrait que Michael nous amene les autres.

Fin de la premiere partie de soiree. La deuxieme partie a eu lieu deux jours plus tard, sans Patrick ni Eric mais avec Florent, et avec plein de grands Bordeaux je vous dis que ca. Comme ca commence a faire franchement long je poste que la premiere partie aujourd'hui, et je vais essayer de faire plus rapide pour la suite. A noter quand meme que si Philippe et moi, peres depuis peu, sommes sagement rentres a 2 heures du matin, Patrick, Marc et Michael sont alles se finir au Bordeaux chez Alain, ou Patrick et Marc etaient autorises a s'allumer leurs barreaux de chaises. A noter que Patrick s'est endormi une premiere fois vers 5 heures du matin, avec son cigare allume ce qui a declenche un debut d'incendie, heureusement circonscrit a sa seule chemise. Les autres convives ont adopte la technique des pompiers en cas d'incendie d'un batiment, a savoir arroser les batiments voisins. Patrick va bien, sauf qu'il devra porter une moumoute sur la poitrine pendant quelques temps. Merci a ceux qui ont eu le courage de tout lire.

Francois.