Vendredi 22 Septembre 2000, chez Alain

BORDEAUX
Guest Star : Florent Salce

Château Thieuley , cuvee Francis Courcelle, 1998
Château Laville Haut-Brion 1984
Vin de table de la clinique Belledonne (St Martin d'Hères, 38)
Château Léoville Poyferré 1982
Château Canon 1986
Forts de Latour 1992
Forts de Latour 1986
Château Pichon-Longueville Baron 1985
Chateau Saint-Pierre 93
Chateau le Vieux Serestin 89
Château Suduiraut 1990
Cru Barrejats 1992
Château Coutet 1980



Pour cette soirée, nous avions la visite de Florent Salce, ce qui nous fait 2 compte-rendus pour le prix d'1




(deuxieme partie du CR, et de la soiree selon nos criteres)

...deux jours plus tard, donc, nous nous retrouvions chez Alain, pour la deuxieme partie de soiree. L'air etait encore riche des saveurs des poils roussis de PatChaz. Plusieurs defections depuis la premiere partie , Patrick evidemment, mais aussi Susanne et Eric. Et un convive supplementaire, le Florent S2S (maintenant qu'on se connait je vais quand-meme pas lui donner de la particule). Donc on etait que sept, mais Alain ayant sorti 4 bouteilles (evidemment, le theme etant Bordeaux il lui fallait ca pour s'exprimer. Il a fait un gros effort, il en avait prevu une vingtaine), Marc, Michael et Philippe 2 chacun, ca a donc fait pas moins de 13 bouteilles. J'avais demande a une epoque qu'on limite a u e bouteille par personne, ca fait plaisir d'etre ecoute. On voit que c'est pas eux qui font les CR. M'en fous, la prochaine fois je prends des notes que sur une bouteille, ils choisiront. On etait assis par terre, ce qui etait une sage precaution. Patrick avait aussi foutu le feu aux chaises ?

Je ne vous fais pas l'affront de redonner la liste des convives que vous avez tous a l'esprit, la premiere partie du CR ayant a peine plus d'une semaine. Zut, du coup je rentre plus dans les criteres du kit de CR, vais me faire blacklister moi. Et donc j'attaque directement, sans echauffement, par le premier Bordeaux, un blanc amene par Michael. Robe claire, nez vif et boise. En bouche, toujours ce boise, genre fut de chene dominateur. Comme dit Marc, "ils mettent de la vanille partout, c'est un peu penible". Le retour est un peu acre (toujours le fut?). Florent propose Chateau La Louviere 98. Ne connaissant pas les GCC de Graves blancs, je ne peux rien dire mais ca me parait un peu surevalue. Michael revele son vin : Chateau Thieuley 98, cuvee Francis Courcelle.

Alain repond du tac au tac en ouvrant lui aussi un blanc. Robe plus doree que le precedent, visiblement evolue. On renifle un bon coup : Michael trouve un nez de miel, moi de coings et florent de coings et cire, histoire de menager la chevre et le cabbage. On se demande si Alain ne nous aurait pas servi un liquoreux en debut de soiree, histoire de tuer le debat, mais non, en bouche il est paradoxalement sec, et toujours tres aromatique. Des aromes tres tertiaires qui nous font dire 83 (Michael et moi) ou 85 (tous les autres). En fait c'etait un 84, un Laville Haut-Brion. Donc finalement, a Bordeaux y a pas que les rouges qu'ils font bien. Et chers. En tous cas c'etait parfait sur l'Etivaz.

Des la troisieme bouteille, on passe au rouge ce qui doit etre un record, j'ai la flemme de relire les autres CR. Mais j'aurais ete decu qu'on fasse que des blancs pour une soiree Bordeaux. Alain est designe maitre de ceremonie, c'est a dire qu'il saura ce que contiennent toutes les bouteilles et carafes, et decidera seul de l'ordre. Il decide de commencer par la premiere bouteille de Philippe, qui arrive juste de la maternite ou Catherine et Violette se remettent, la premiere de sa cesarienne et la deuxieme de tout un tas de trucs nouveaux et incomprehensibles qui lui arrivent depuis quelques jours. Dans le genre petite bouteille, c'est vraiment une petite. Je dirais 18,75 centilitres. Heureusement qu'on est pas beaucoup. Donc un nez tres violent, chimique, qui me fait penser a un Beaujolais genre Morgon ou Chiroubles, enfin les beaujolais que j'aime pas, alors que Florent qui a entendu qu'on faisait Bordeaux et n'envisage pas une telle felonie, propose un Gamay de Bordeaux. Ca existe, ca ? Y a des mecs, avec un terroir et un climat pareils, ils plantent du GAMAY ? Bref, on est pas trop seduits, a part Marc qui le trouve "aimable". Coup de chance pour lui on peut lui en avoir plein. C'etait un "vin de table francais, 12° (dont 3 naturels), ce qu'ils servent aux jeunes mamans a la clinique Belledonne. Phlippe a eu raison de pas laisser ce truc la a proximite de son bebe. Pour Alain, le vin devait etre bien avant que le personnel medical ne le transvase dans un flacon d'urine pas rince, et a ce moment la j'ai trouve a quoi le nez me faisait penser...

Alain a decide que le rouge de Michael passerait derriere cette merveille. Michael etait pas ravi, je dois dire. On a fait ce qu'on pouvait pour se nettoyer les papilles, enfin celles qui nous restaient, pour faire honneur a ce vin d'une robe sombre et d'un nez profond et pourtant fin (discret a dit Marc), sur les fruits noirs. Tres rond en bouche, avec beaucoup de tanins mais soyeux, rien qui agresse la bouche et pourtant pas un vin de fillette. Pierre y voit un Medoc, et propose 93-94 (encore un qui confond millesime et annee scolaire). Je suis d'accord pour l'annee (93), pour la maturite, mais vois ca plutot en libournais pour la robe et la rondeur. Florent est d'accord avec moi sur le Libournais, et propose Saint-Emilion 90. Marc est d'accord sur 90 et propose Saint-Estephe. Comme vous le voyez, pas de consensus mais une belle progression. On aurait ete un peu plus nombreux on aurait fini par tomber dessus. Un Leoville Poyferre 82, Saint-Julien donc, ca c'est du millesime qui cache bien son jeu. Florent mettait 4 (sur 5, son systeme de notation personnel), mais au vu de l'etiquette il met 4,5. Apres les buveurs, Florent lance la mode des note.

Le rouge suivant, dans l'ordre decide par Alain, est un des deux rouges de Marc, en principe le mieux. Une robe cerise foncee, un nez domine par l'alcool. Visiblement trop chaud pour un jugement objectif et hop ! retour a la carafe et va faire un stage sur le balcon voir si j'y suis.

Alain decide donc d'un entracte, et sort une de ses bouteilles. Il en restait pas mal dont plusieurs a temperature mais bon, il cherchait une occasion d'ouvrir une bouteille depuis un bout, deja. Robe assez sombre mais avec un disque qui commence a tuiler, un nez pas tres convaincant, qui me fait penser a un chien mouille, alors que Marc y voit un nez de sardine. Imaginez quelque chose entre les deux, genre un terre-neuve mouille a l'eau de mer... en bouche c'est nettement mieux, avec une acidite qui "tient" la bouche. Florent propose Pomerol et Philippe Saint-Emilion 88. Alain, qui a reussi a se taire jusque la, annonce "Saint-Emilion 86". En fait un Chateau Canon 86.

La bouteille de Marc n'ayant perdu qu'une fraction de degre, Alain revise l'ordre de passage et sort le rouge de Florent. Une robe tres sombre, nez fin. En bouche, une acidite impressionnante, selon les termes de Marc. Pierre y trouve peu de tanins, ils ont du tous passer dans mon verre parce que moi j'en trouve un tas. Michael propose un grand Saint-Estephe 87, alors que pour Marc c'est du beaucoup plus vieux qui cache bien son jeu, et il propose 80 ou 81. Philippe pense a un Pauillac 93 et Pierre et moi pensons a un Medoc 90, sans plus de precisions. Bonne pioche pour Philippe, a un an pres, pour ce Forts de Latour 92.

Finalement, comme Marc commence a trepigner en serrant ses petits poings menus, Alain decide qu'on va passer a son autre bouteille, qui est a temperature, elle, et qu'il decrit comme le "petit Bavay". Un vin tres fin, grande rondeur. Pour Philippe c'est proche du Leoville de Michael, et en tous cas c'est une grande bouteille. Michael place ca rive droite 90, genre Saint-Emilion. Je le vois aussi en rive droite, plutot en 89. Faudrait que je me mette dans le crane une fois pour toute qu'il y a pas que le libournais qui fait des vins ronds. Pierre, qui se l'est deja mis dans la tete, propose un medoc 90, et Florent propose directement un Forts de Latour 88. Qu'est-ce qu'il cherche le merdeux ? A nous impressionner ? Ben, il a reussi. en fait c'etait un Forts de Latour 86. A se demander s'il a pas fait expres de dire 88 pour pas qu'on l'accuse d'avoir triche. Comme si on avait besoin de ca... En tous cas, un vin magnifique. Si c'est ca le "petit Bavay", on commence a fremir pour le grand, celui qui prend le frais sur le balcon.

Et donc comme on est des gars patients, on va tout de suite chercher la carafe sur le balcon, on decide que oui oui oui, la temperature est parfaite maintenant, et hop! dans les verres. Robe toujours cerise, par contre l'alcool a disparu du nez et laisse place a des aromes fruites, de framboise selon moi. En bouche, c'est a la fois fin et puissant, le cote fruite domine, avec des aromes de reglisse en fin de bouche selon Philippe, qui le trouve dur a gouter. Florent trouve que ce vin est, je cite, "assez encre". Je cite tel quel parce que j'ai aucune idee de ce qu'il a voulu dire. La couleur, le nez, le gout ? Michael propose 88 et Florent 86, sans precisions sur l'apellation puisque c'est en principe mieux que les Forts de Latour, faudrait pas faire d'impair. Pour l'annee c'etait pas mal vu, pour ce Pichon Baron 85.

On passe ensuite au deuxieme rouge de Philippe. Apres son douze degres de la clinique, qu'est-ce qui va nous arriver, vu qu'en general on sert les vins les plus fins en premier ??? Ben non, finalement. Une robe et un nez de vin jeune, nez que Marc trouve tres epice. Tres tannique en bouche, qui fait dire Saint-Julien a Florent, qui rajoute Rauzan-segla, puis se reprend et dit Talbot. On l'arrete avant qu'il nous cite tous les GCC de Saint-Julien, surtout que Michael vient de proposer Lagrange 93. Personnellement je vois ca plutot en Margaux 94. Ben, ceux qui avaient dit Saint-Julien ils avaient bon, c'est dommage, citer tous ces
GCC sans tomber sur le bon, Chateau Saint-Pierre 93.

On passe ensuite a mon vin, ce qui me surprend, je croyais qu'il etait passe a la trappe. Que je vous explique : quand on avait decide que le theme serait Bordeaux, j'ai signale que j'avais rien qui puisse concurrencer les GCC que mes comperes n'allaient pas manquer de sortir, et j'avais demande un joker pour amener autre chose que du Bordeaux (je pensais amener un chenin liquoreux que j'esperais assez atypique pour planter Florent et donc pouvoir le discrediter definitivement sur Iacchos, je suis un garcon d'une grande gentillesse. Joker, donc, qui m'avait ete accorde, mais voila, au moment d'aller chercher la bouteille, deux heures avant le debut de soiree, j'avais pas acces a ma cave (elle est pas chez moi). Donc je suis alle chez un caviste pour trouver une bouteille presentable, et je tombe sur un Bordeaux qui pouvait etre interessant. Je vous avouerai que l'idee m'a plu, amener un Bordeaux a une soiree Bordeaux en ayant persuade tout le monde que c'etait pas un Bordeaux. Et ca a marche, a part Alain qui, avant que je lui donne les infos en debut de soiree, avait senti, goute, et trouve que c'etait quand-meme un Bordeaux, tous les autres sont parti ailleurs. Le nez etait viande, un peu faisande; la robe claire, un peu tuilee. Fondu en milieu de bouche, avec les tanins qui reviennent nous pousser la chansonnette en fin de bouche. Pas tres typique, faut dire, c'aurait pas ete le mien je serais probablement parti dans le Rhone. Michael a place ca en chateauneuf 95, Pierre etait d'accord, disant Chateauneuf ou Gigondas 95. Florent a propose un Coteaux du Languedoc 97, version Carignan surmuri. Marc proposait un Rasteau 93 Vieilles vignes ou dans ce genre. Philippe a honnetement avoue qu'il avait aucune idee de ce que c'etait. Un Chateau le Vieux Serestin 89, Medoc generique donc, plutot decevant, mais enfin c'etait pas un cadeau de passer apres Pichon Baron et un Saint-Julien jeune...

Il etait temps de passer aux moelleux et justement, voila Alain qui nous amene un blanc a la robe vieil or, limite orangee, avec un nez de pate de fruits. Tres puissant, manquant peut-etre d'acidite (Florent le trouve un peu lourd). On propose Guiraud 89, Michael propose Suduiraut. Ce qui est etrange c'est la couleur, qui fait penser a du beaucoup plus vieux. Comme on est pas tres inspires, on regarde ce que c'est et voila-t-y pas que Michael est tombe pile dessus : Un Suduiraut 90. Alain va chercher dans sa cave d'appartement un 85 qui est beaucoup plus clair. Etrange. On l'a goute a nouveau en fin de soiree, une heure plus tard, et il s'ouvrait beaucoup plus sur les abricots, beaucoup plus genereux et cet aspect desequilibre avait disparu.

Le moelleux suivant etait le poulain d'Alain. La meme robe que le Suduiraut mais plus vif au nez. tres boise aussi, limite trop. En bouche, on est assailli par des aromes de fruits confits. Par contre, il est nettement moins sucre que le Suduiraut, et du coup il passe moyennement apres (Pierre, qui est fan de la marionnette de Bayrou). On retrouve le cote boise qui fait un peu d'amertume en fin de bouche. Florent propose un Cru Barrejats 94. Michael se recrie en disant "Si c'etait du Barrejats ca serait 90 mais c'est pas du Barrejats". Vous vous rappelez ce que je disais dans le CR precedent sur ceux qui affirment que "c'est pas ceci-cela" ? Donc evidemment c'etait du Cru Barrejats 92. Pour la plupart d'entre nous, c'etait la premiere fois qu'on voyait une bouteille de CB (on en a bu plusieurs, mais toujours carafes). Je m'etonne qu'il n'y ait pas ecrit Barsac mais Sauternes, et Pierre demande "C'est qui la greluche dans le medaillon", ce qui provoque une reaction consternee des autres, qui me signalent qu'il ne faut pas consigner cette remarque dans le CR. Ah zut, trop tard.

On termine avec un autre moelleux d'Alain. Une longueur impressionnante, et une belle acidite. Plus leger que les precedents, il a l'air plus jeune aussi (principalement du fait de l'acidite). Un nez complexe, de cendres selon Marc et de silex pour moi. Je propose un Barsac 93, me rappelant des lecons de Mireille sur le plateau, l'altitude, l'acidite residuelle et tout. Ben, c'est bien un Barsac mais pas tout a fait un 93, un poil plus vieux en fait. Chateau Coutet 80, un vin qu'Alain a achete recemment a un prix derisoire aux encheres, parce que 80 c'etait pas terrible en Bordeaux alors personne se rappelle qu'en Sauternes c'etait plutot bien.

La dessus Florent, probablement un peu effraye par les histoires de PatChaz, cinq ou six heures du matin et tout, a file a l'anglaise (c'est a dire en marchant sur un irlandais). Ces gars du nord, ca sait pas faire la fete, moi je vous dis. Tout ca pour des histoires de mariage a Marseille. On a pas trop tarde apres, on a quand-meme goute le reste des deux bouteilles sur lesquelles Patrick s'est endormi, je me rappelle pas ce que c'etait comme Bordeaux mais y en a une qui etait pas terrible, a mon avis c'est sur celle-la qu'il a essaye de se foutre le feu. Je suis parti vers les 2h30, en meme temps que Philippe, mais nous c'est pas qu'on sait pas faire la fete, c'est qu'on a des res-pon-sa-bi-li-tes monsieur. Et quinze jours apres, j'arrive enfin au bout de ce CR, la prochaine fois qu'il y a une soiree double je me fais porter pale.

Bon week-end a tous et toutes, et merci a ceux qui ont tout lu.

Francois.





Cr de Florent sur cette même soirée
avez vousdéjà visité grenoble ?
date dégust ve 22/09/2000
date cr ve 06/10/2000

biens chers tous
pour corroborer ce que viennent de dire francois puis alain, veuillez trouver mon CR. bien sûr, il est pas fini mais je traine en longueur et puis j'ai pas pu gouter barréjats et coutet correctement puisque je devais partir à massilla allez, goutez bien et bon wé les gars de grenoble, vous venez quand vous voulez

la phrase du jour :
"c'est pas un verre de vin que tu lui as versé, c'est un bain de pied"
de marc à alain en parlant de philippe

avez vous déjà visité grenoble ? si non, vous devriez sérieusement vous poser la question et vous établir en tant que "guest star potentielle chez les iacchossalpins". oh, je sais, ça fait rebarbatif de dire qu'ils sont sympas, qu'ils savent recevoir et qu'on y boit que du bon et qu'on y mange presque que du cochon mais bon, force est de constater que le ramage ressemble au plumage, si tant est que l'électrolise poilue qu'arbore alain avec fierté puisse être considérée comme un plumage.

donc, m'étant une nouvelle fois imposée à leur rencontre épisodique, et après avoir fixé moi même la date ainsi que le lieu de rencontre, mon amour du prochain leur ayant nonobstant laissé la possibilité de choisir eux même le thême de la soirée, nous nous retrouvâmes chez alain, icelui qui habite près de la maison et pas dans la montagne pour une soirée : "les plus beaux bordeaux sont ceux qu'on trouve dans nos caveaux"

rdv fut pris avec ceux qui avaient survécus de la folle soirée de l'avant veille et de la venue de patchaz. pour être honnête et comme ils avaient tous posé leur jeudi pour dormir, l'assistance fut fort honorable avec marc, pierre, françois, philippe, mailleuqeule et alain l'hôte du jour. cette capacité à ne pas manquer une occasion de se bourrer la gueule, euh, de partager un bon moment entre amis, m'a toujours fasciné. il faut voir avec quelle méticulosité, chacun arrive à l'heure, remet sa bouteille carafée ou non dans la cuisine, se pose sur sa caisse de haut brion 90 lui faisant office de siège et tend son verre pour recevoir la première victime de la
soirée.

philippe n'étant pas encore là, on a commencé par un apéro léger

ce jour là, la première victime fut à n'en pas douter l'une des dernières de la fin de la soirée de l'avant veille, quasi au moment où patchaz fut pris d'une envie pressante d'écobuage. on me servit donc un calon ségur 86 qui manifestement, avait déjà connu un passage difficile le mercredi puisqu'il en restait les 3/4 dans la bouteille, ce qui n'est pas dans leurs habitudes. effectivement, le vin n'était pas toptop, comme si on avait infusé un carton poussiéreux dedans. passons

le deuxième fut fort sympathique et bien plus convaicant. haut batailley 90, un 5eme GCC de pauillac, plus en finesse qu'en puissance, assez suave, souple, légèrement épicé et plus féminin que bourrin. +++(+) tendant sur ++++ (tjrs difficile de noter le premier vin)

puis, logiquement, un blanc sec. bizarrement, nul autre que moi n'en a pris. j'aurais dû me douter d'une entourloupe mal intentionnée mais non, le vin était vif, assez simple au nez mais fort correct en bouche avec un zest d'acidité. manifestement, il était bien trop bon pour être un simple bordeaux blanc. alors j'ai dis "c'est pas un bordeaux", ce qui fut interprêté par alain comme "c'est bon comme haut brion blanc". il faut comprendre qu'alain venait de me servir sa vendange tardive et qu'il attendait avec impatience que je mette ça en savennières ou encore à vouvray. malheureusement, c'était pas tout à fait assez bon et ça ne pouvait pas être du chenin. j'ai plutôt mis ça en montrachet 90, des vins que je trouve simples mais parfois bien faits, comme le vin d'alain. surpris par le peu d'acidité du vin, eu égard à ce que j'avais pu en entendre dire, je questionnais mon hôte sur le pourquoi du comment des commentaires acerbes des autres sur son vin. apparement, tout s'explique : par la grâce de sainte malo, le vin est passée du statut de détergeant classe 3 (produits dangereux) à celui enviable de fort honorable cuvée de garage. en tout cas, si un jour je produits ça, j'en tirerai une certaine fierté.

après, on a repris la marche logique des choses. simplement, le problème, c'est l'ordre de service et là, comme on avait tous des bordeaux, c'était pas facile de privilégier le gamay de touraine au madiran et ainsi de suite. on a donc tous donné le nom de notre vin à l'alain qui nous a fait un grand sourire et avait l'air ravi du programme. comme quoi, des fois, faut peut de chose.

le premier fut donc un blanc sec. je l'ai trouvé trop boisé, sans charme mais bien fait. les autres avaient l'air plutôt du même avis, ce qui nous a permis de commencer un débat sur "aimons nous vraiment les blancs sec de bordeaux ?". comme on était à peu près tous d'accord, le débat n'a pas été très long. seul marc pensait à juste titre que carbonnieux, c'est quamême pas cher pour ce que c'est. on a su que bien plus tard qu'il pensait que ça ne coutait encore que 60 f, carbonnieux. c'est vrai que pour 60 f, ça vaut bien un bon anjou blanc à 30 balles et que donc, pour un bdx, c'est pas très cher. pour info, le vin, c'était f courcelle du chateau thieuley en 98.
++(+)

le second. à l'aveugle, on a bien entendu tous mis ça à bordeaux. par contre, force est de constater qu'on avait jamais bu ça. un truc qu'il avait l'air vieux, d'une quinzaine d'année pour moi et d'une vingtaine d'année pour michael. on en donc conclu que c'etait un vin de 20 ans d'âge. c'était très coing (françois et philippe) et aussi encaustique (florent et michael après qu'on le lui ait traduit par wax polish). en tout cas, c'était très bon. alain nous a appris qu'il l'avait acheté en FAV (comme quoi, on trouve des trucs bien en FAV) et qu'il n'en attendait à priori pas bcp pcq c'était un millésime pourri en principe. c'est vrai que laville haut brion blanc 84, en principe, ça devrait pas être très bon. en vrai, si. ++++. on est d'accord pour dire que, finalement, on aime bien les bdx blancs secs et qu'on gouterait bien dans un grand millésime. tout ceci ne fait que m'inciter à balancer au plus vite mes 2 derniers oliviers blancs 89.

et hop, début des choses sérieuses

c'est à ce moment là que ça a commencé à se gater sévère. comme on avait informé alain des vins apportés, c'est lui qui a fait l'ordre. quand michael a appris qu'alain allait servir le sien en premier, il a commencé par faire une attaque cardiaque puis il a traité alain de fou puis il nous a regardé avec un air de "merci les gars pour latour 70 et margaux 61".oula que je me suis dit, alain a sans doute mal lu mon papier. en fait, alain avait l'air sûr de lui. j'ai compris seulement après qu'en fait, il fonctionne comme dans les ventes aux enchères de grands tableaux. une fois, j'avais vu la retransmission d'une vente d'andy wareul / warhoel / warheul / warhôl / warel. enfin bref, andy le peintre. et ben, au début, ils avaient vendu le tableau le plus cher en premier, au début de l'effervescence et puis, c'était retombé sur des trucs moyens et après c'était remonté pour finir par le deuxième plus cher. et ben là, pareil. alain nous a donc servi un vin profond, encore très jeune, sur des notes de cuir et de tabac avec une trame tannique encore bien présente et un potentiel énorme. tout le monde semblait d'accord pour trouver là un grand vin dans un grand millésime comme 89 ou 90, plutôt à pauillac ou st estephe, rive gauche en tout cas, sauf moi qui mettait ça à droite, mais à droite du super u de pauillac, donc quamême à st julien (pas crédible ?). paf gagné, c'est donc un st julien 82 léoville poyferré. p*****, c'est bon, je vais en reprendre un peu me dis-je.

tiens, je viens juste de recevoir le CR de mon concurrent, euh, de mon ami françois et je vois que je me fais traiter de noteur d'étiquettes. alors, c'est vrai qu'il est passé de ++++ à ++++(+) quand j'ai vu l'étiquette mais c'est seulement pcq j'aurais dit qu'il avait 10 ans alors qu'il en avait 18 et que c'est une qualité de paraître jeune quand on a l'âge d'être tout décrépit.

comme le vin de marc n'était pas assez frais, il a été invité à prendre la pollution sur le balcon pendant qu'on passait tranquilement à la suite des hostilités et que la suite ressemblait étrangement au vin que j'avais apporté jusqu'au moment où l'alain s'est levé prestemment pour ouvrir une des bouteilles de sa cave perso. j'ai bien essayé de regarder la collerette pour pouvoir impressionner mes amis mais je m'ai planté. le vin était très acide et semblait déjà assez évolué., limite poussiérieux. c'était canon 86. ++(+) pas emballé...

dans une grande compétition, tout se joue sur un détail, vous le verrez plus tard. alain est arrivé avec ma bouteille en disant qu'il voulait la faire passer avec le petit bavay pour des raisons de similitudes. c'est donc un vin avec une grosse acidité, assez simple mais qui ne sembe pas perdu à la cause dégustativale. c'est sûr qu'en dégustation pure et à l'aveugle, il est facile loin derrière léo mais ça doit être bien sur un plat en conclut l'assemblée. michael aimait bien, pierre et philippe un peu moins. classique dilemme entre un grand vin dans une petite année ou petit vin dans une grande année. c'était forts de latour 92. +++(+)

vint ensuite le vin d'après, icelui qu'il était censé avoir un rapport avec le mien sauf que personne ne l'avait entendu. comme quoi, ils ont tort de ne jamais écouter l'alain. et moi, j'ai eu raison de lui dire que j'aimais bien son vin de garage. le petit bavay illustré est donc un vin profond, avec une structure tannique assez balèse mais tout en rondeur ronde, très pur. michael place ça en rive droite, ce qui démontre bien qu'il n'écoute pas alain. comme ça semble pas pouvoir être un 92, c'est donc que c'est un forts de latour. reste plus qu'à dégoter le millésime. va pour 88. carramba; c'était 86. ++++(+) facile. il est sympa, le père de marc, de lui avoir fait vieillir ça...

le grand bavay, second essai. pour l'avoir gouté il y a 2-3 ans, marc craignait un peu pour son joyaux qui, parait il, n'avait pas de fruit et, crime de lèse majesté, avait même pris une palourbe sur le bob spécial (du style, seulement 83). au nez, nous, on a plutôt tous trouvé qu'il y avait du fruit, de la framboise et du cassis, des petits et des gros rouges. y en avait même tellement, des fruits, qu'on l'a même trouvé fruité, un peu comme un bon anjou gamay, la banane en moins (ne jamais oublier qu'on est sur de petits terroirs). s'en suit une discussion sur le mot encre avec le françoué me demandant ce que je voulais dire. le vin, c'est une question de sensation, de perception, d'art et hop, si je veux dire encre, je dis encre. mais c'est vrai que c'est un peu bête comme qualification. nonobstant, je le trouve pas facile à gouter et je l'y mets que +++(+) à ce pichon baron 85. en vrai, il parait que pichon, c'est bon que depuis 86 a dit bob. marc reste rassuré sur son vin.

hophop, le temps passe et on est toujours sur notre faim, même pas vu la trace d'un chenin... nous v'la donc partis sur le vin de philippe, un vin sombre, assez jeune à la vue, encore boisé mais plein de ces fruits fruités avec du fruit qui nous font aimer le bordeaux, un zest d'épice et une grosse dose d'équilibre. michael et moi avons dit st julier, lui lagrange et moi talbot, tout les deux en 94. alain nous a alors expliqué que c'était pil poil entre les deux vignobles, en tournant à gauche après le deuxième petit carrefour, pas loin du lion d'or. facile, c'était st pierre, du même coup... comme quoi, on peut très bien ne jamais avoir mis les pieds là bas et connaître la région sur le bout des doyots. ++++

je dois dire que le vin de françois m'a pas top branché, et j'y mets que ++. en plus, commençait à être crevé, le ligérien, c'est que savennières-fontaine, c'est pas savennières-princé... mais bon, y avait des liquoreux alors, pour rester objectif quand on dit qu'on préfère le chenin, fallait bien les gouter, au moins. le premier manque un peu d'acidité, à mon avis. c'est même un peu pâteux, voire même carrément mauvais mais pas autant que le deuxième et même largement meilleur que le 3ème. mais bon, yquem 76, ça n'a jamais valu grand chose.

bon, ok, je vois bien que vous voyez que je suis pas z'objectif mais c'est vrai que le premier était un peu lourd, comme s'il était encore trop jeune, dominé par je sais pas quoi. en fait, il parait seulement qu'il lui manquait 2 heures d'ouverture. comme quoi, si j'avais pas eu un mariage le lendemain... suduiraut 90 +++

fruits confits (vous savez, les petites cerises rouge pétant qu'on trouve sur le dessus des gateaux) pour le deuxième mais encore très amer j'ai trouvé. mireille va me tuer mais j'ai pas beaucoup aimé barréjats 92, je l'ai seulement bien aimé. par contre, c'est vrai que c'est pas mon préféré. C'est vrai aussi qu'il semble s'être ouvert avec le temps....

florent
savennières (sous le soleil et juste avant les premières tries)