3 dégustations pour ce week-end du 11 novembre avec Francis et Jeanne Boulard:

vendredi 9 novembre chez Michael


samedi 10 novembre chez Alain

dimanche 11 novembre chez Marc



9 Novembre 2000, chez Michael
Champagne Raymond Boulard - Grand Cru Mailly - Brut
Champagne Moncuit - cuvée Nicole Moncuit V V 1988
Champagne Bollinger - Special Cuvee

Savennières - Roche aux Moines 97 du Domaine aux Moines
Minervois, Fabas 92
Grains nobles de Romorantin, cuvée royale 96 de Philippe Loquineau
Bandol, domaine Tempier, cuvée la Migoua 94
Château Gloria 96
Saumur-Champigny, Clos Rougeard 89 des frères Foucault
Cos d'Estournel 88
Lynch-Bages 89
Klein Constancia 92
Cru Barréjats 95
Porto vintage 83 de Ramos-Pinto

ndlr, non commentés par François :

- Raymond Boulard - Grand Cru Mailly Champagne Brut (Dosage : 7g / L)
( 90 % PN + 10% Ch - Dominante Vendange 97 + 10% vieux vins de reserve 96 )
- Champagne Moncuit - cuvée Nicole Moncuit V V 1988
- Bollinger - Special Cuvee ( 60 % PN-15% PM-25% Ch.)

Avec un peu de retard... bon, d'accord, avec plus de deux semaines de retard, je m'en vais vous conter les pétillantes aventures de notre combustible champagnard égaré en iacchosalpie le temps d'un week-end, histoire de recentrer le débat sur le sujet de iacchos, à savoir le vin, le pinard, le jaja, et de laisser les vaches se péter la ruche à fumer de la cervelle d'agneau, c'est de la bombe bébé.

Le week-end du 11 novembre, donc, où la perspective de regarder notre chichi national chercher une place pour rajouter une médaille sur la vénérable poitrine d'un des trois survivants de la grande guerre incite à fuir le plus loin possible de sa télé, on s'est récupéré un météore égaré du pays ou les terrains perdent de la valeur quand ils deviennent constructibles. Bon, c'est sur le plateau de Chartreuse, à dix kilomètres à vol d'oiseau de Grenoble, mais alors faut un oiseau qui monte haut parce qu'il y a une grosse bête montagne entre les deux) que Francis était venu se perdre le soir du 10 novembre, et en bon saint-bernards que nous sommes, nous nous sommes faits forts de le ranimer avec le contenu de nos petits tonneaux.

Il y avait donc, ce soir là :

- Jeanne Boulard, ne lui dites pas que son mari fait du vin elle croit qu'il est danseuse étoile. Propriétaire d'un pit-bull nain à poil long, l'avantage c'est qu'on peut lui faire une muselière avec un muselet de bouteille de Champagne standard.
- Francix B, le petit rat de l'opéra sus-cité. Ne lui dites pas que d'autres régions font du vin à bulles, les pointes ça muscle. J'ai écouté toute la soirée, il a pas poussé son célèbre cri de guerre "AMHA, AMHA !!". Il sait donc se tenir dans le monde.
- Pierre (Payet-Burin), son épouse ou pas, Susanne Graf, et leur rejeton Raphaël, qui n'a pas vidé les verres en fin de soirée, les traditions se perdent.
- Michael (le Lyons de Belfast), ben oui je sais, mais que voulez-vous, ça se passait chez lui et il a tout organisé, on allait pas le laisser dehors) et Stefania
- Alain (Drillat), pas encore surnommé Alési, mais ça devrait pas tarder
- Philippe et Catherine (Bourgeois, et la petite Violette, du haut de ses deux mois)
- Marc (Bavay) et pas Corinne
- Eric (Lewin) et toujours pas Corinne,
- et moi, on s'en doutait un peu.

Mal remis du traitement subi par mon petit médoc la dernière fois (pour mémoire, il est passé après, entre autres, un Pichon Baron 85, et donc il a fait un peu pâle figure). Du coup j'avais pris un jeune blanc-bec, je veux dire un jeune blanc sec, pour passer dans les premiers. Bien m'en a pris, mon vin a été servi LE premier. Carafé 2 heures avant. Au nez, Alain y trouve du miel et Francis du coing. Ça m'a rassuré un peu, je venais de l'acheter aux caves particulières de Lyon, et j'avais été subjugué par le nez de pâte de coing, que je ne retrouvais plus du tout ce soir-là. Faut croire que ce vin gagne à être carafé très longtemps à l'avance. Ils ont les papilles plus fines que moi. Francis propose un viognier mais il y trouve beaucoup de gras pour être du Rhône, et propose un Viognier de Loire. Attendez, vous avez encore rien vu concernant le Francis. Michael et Philippe partent sur de la Marsanne, alors qu'Eric n'y voit pas un vin du sud, mais ne veut rien dire le compromettant plus que ça. L'aurait sûrement gagné à être carafé une douzaine d'heures de plus, mon Savennières - Roche aux Moines 97 du Domaine aux Moines.

Sur le blanc suivant, proposé par Alain, Francis, surpris par le nez, demande sournoisement si la bouteille (forme bordelaise) est bien celle d'origine. Huées de l'assemblée, franchement des mecs qui passent leur vie à coincer la bulle et qui viennent jusque dans nos bras nous traiter de tricheurs, nous z'et nos compagnes, ça va bien.. Là-dessus il nous assène que ça sent le pétrole, ce qui est pas tout à fait un compliment... Va passer une mauvaise soirée, lui. Ceci dit, le nez est fort, je trouve. Eric y trouve du chardonnay, mais Philippe, pierre et moi on y trouve surtout du bois, un nez de fût assez prononcé. Alain râle que c'est un nez d'humus, ou de sous-bois. Moi je veux bien, mais alors un sous-bois de chênaie qui a subi un début d'incendie. Bref, tout le monde part en chardonnay, pour le bois (personnellement j'y verrais bien un Chablis qui s'est pris pour un Beaune). Alain mouche tout le monde en annonçant "Languedoc". Michael en laisse échapper son verre de saisissement, ce qui permet de constater que les verres de JPL sont robustes, en tous cas ceux-là comme le souligne Jeanne. Bref, plus personne ne dit rien, vexés qu'on est tu penses. Alain donne le reste de la solution : Minervois, Fabas 92.

Le blanc suivant est proposé par Francis, qu'on attend au tournant donc. Premier nez surprenant, de cigarette d'après Susanne. Le nez se développe ensuite sur le thym (d'après moi), et la framboise d'après Stefania. Sec et avec une bonne acidité en bouche, et le goût part effectivement sur la framboise. Pas d'hypothèses avancées, personnellement je sais que j'ai jamais bu ça. Francis nous présente donc la bouteille : Grains nobles de Romorantin, cuvée royale 96 de Philippe Loquineau, vin de pays du "Jardin de la France" (c'est où, ça ? je pensais que le jardin de la France c'était l'Espagne... Aïe non, pas sur la tête, Victor)

On passe ensuite aux rouges, après seulement trois vins, on sent qu'on la joue sérieux ce soir, histoire d'impressionner le champagnard. Marc nous avoue qu'il a acheté le vin suivant à l'aveugle. Intéressant, après les dégustations à l'aveugle, les achats à l'aveugle. faut pas être près de ses sous, si vous voulez MHA. Arômes de réglisse, et rond et fruité en bouche. Je propose un Palette, puis me ravise sur Minervois vu la forme de la bouteille (forme bordelaise, même si la robe ne fait pas très Bordeaux). Probablement influencé par la bouteille aussi, Alain part sur un "petit Bordeaux", ce qui dans sa bouche fait un peu oxymoron. On sait qu'il y a des petits Bordeaux, mais on savait pas qu'Alain le savait. En fait c'était un Bandol, domaine Tempier, cuvée la Migoua 94. (ndlr : j'avais surtout acheté ce vin pour aller sur le plat de Michael : agneau aux herbes et épices. Bien qu'en dégustation pure ce vin était décevant, l'accord avec le plat s'est révélé très satisfaisant, de l'avis général également)

Le rouge suivant, proposé par Eric, présente une robe sombre, opaque, un peu tuilée. Francis goûte et propose "Pas un Cahors". J'ajoute "Pas un sylvaner non plus" histoire de faire partie de ceux qui ont pas dit QUE des conneries. Pas mal vu le Francis. En bouche, le vin est puissant, limite "gros bras". Michael et moi, sans se concerter on part dans le Bordelais. On se serait concertés on aurait pu faire du covoiturage mais les irlandais, ça partage pas. Philippe ne croit pas à Bordeaux, Marc non plus, qui y voit un cabernet d'ailleurs. Bonne analyse mais mauvaise bouteille, c'est sur la suivante qu'il fallait dire ça. Alain est d'accord sur Bordeaux et précise Médoc. Pour pas être en reste je précise Saint-Julien pour le côté costaud des batignolles, et 91 pour l'année. Michael pense à 94 plutôt, et Alain le voit plus jeune. Château Gloria 96, bien un Saint-Julien donc, eh, eh, t'as vu ? quoi, le millésime ?

Michael nous présente ensuite son rouge. Robe opaque, cerise sombre, je sais plus comment ça s'appelle. Susanne trouve des arômes de Cassis, au nez. Très tannique en bouche, un peu trop jeune d'après Susanne. La discussion se développe sur le thème "C'est un Bordeaux ou pas", avec Alain et moi le comparant à Sociando, Francis le plaçant hors de Crozes-Hermitage ce qui fait bien avancer le schmilblick. Michael, avec l'air ravi de l'irlandais qui rabat son caquet à un anglais (à défaut d'anglais, un paquet de français peut faire l'affaire), annonce que c'est pas un Bordeaux, et même pas un cabernet sauvignon. Le fait qu'il précise sauvignon serait un bon indice mais trop tard, il a déjà dévoilé son Saumur-Champigny, Clos Rougeard 89 des frères Foucault.

Pierre nous sort ensuite la grosse artillerie, avec un rouge d'une belle robe rubis sombre, un peu trouble. Michael décrète "Après les Bordeaux de Loire, un Bordeaux de Bordeaux". D'accord avec lui, ainsi que tout le monde d'ailleurs. Alain le trouve très cabernet, et propose un Saint-Julien 90. Michael propose un Saint-Emilion 90, et je suis d'accord sur le libournais, pour la rondeur. Eric coupe la poire en deux, et propose un Médoc avec beaucoup de Merlot. Pierre montre la bouteille; je ne sais pas quel était le pourcentage de Merlot dans cette année là, en moyenne c'est 38 %, ce qui fait effectivement pas mal (je viens de regarder, bien sûr, allez pas imaginer que je connais les pourcentages par coeur!). Cos d'Estournel 88, rien de moins.

Le rouge suivant est à Alain, qui tire légèrement la gueule. Donc à priori faut tabler sur moins qu'un deuxième cru. Car c'est visiblement un Médoc vu la couleur et le nez de cabernet. Nez très ample, bouche un peu asséchante encore, mais il s'arrondit pas mal après quelques minutes. Je propose à nouveau un Saint-Estèphe. Michael propose 89, mais après avoir regardé la bouteille ce qui est nettement plus facile, faut en convenir. Bref, je résume, c'était pas un Saint-Estèphe parce que c'était un Pauillac, Lynch-Bages 89.

Temps de passer aux liquoreux. J'ai noté une phrase de Michael entre les deux, sûrement très drôle mais elle me laisse un peu perplexe une fois le taux d'alcool redescendu. "Ici, on ne coupe paas". Celui qui trouve pourquoi c'est drôle gagne l'expression de mes salutations distinguées. Marc sert donc son vin à la robe bizarre, vieil or à reflets roses. Pas beaucoup de sucre, pour un liquoreux. Je le trouve léger, avec une amertume forte en fin de bouche, et court. Avant que j'aie pu dire quoi que ce soit, Susanne me coupe l'herbe sous le pied en déclarant que c'est "Vachement bon". Dois-je en déduire que ce vin correspond au fameux "goût allemand" ? En tous cas, il semble bien vieux. Francis propose un chenin chaptalisé (pléonasme) au sucre de canne ou à la mélasse, pour la couleur. Je propose la betterave rouge, toujours pour les reflets roses. En fait de chenin c'est un sauvignon, de Klein Constancia 92. J'attends le retour de bâton de Jenny avec appréhension...

Le liquoreux suivant, amené par Francis, a beaucoup de sucre, et un boisé important en fin de bouche, à la limite du trop important. Alain propose un Maria Juby 97, je trouve qu'il a la mémoire courte. Pour moi c'est pas ça, mon souvenir de MJ 97 étant encore très vivace. Et puis ça sent le sémillon. Francis précise pour répondre à Alain que c'est pas d'un iacchossien. Comme je commence à avoir ma petite idée je demande si ça serait pas d'une iacchossienne, mais F6 ne répond pas. C'était pourtant bien ça, Cru Barréjats 95. AMHA, Michael avait bien fait de le carafer le soir ou il nous en a servi. Il avait moins bien fait de le renverser sur sa moquette mais c'est une autre histoire.

Après les liquoreux, les mutés. J'ai plus beaucoup de notes, la soirée tirant à sa fin. Francis nous a proposé un Banyuls à la belle robe rouge caramel, un domaine la Tour Vieille 93, très bien mais j'ai rien noté, et Michael m'a servi alors que j'étais déjà parti (mais revenu car j'avais oublié de rembarquer mes chaises pliantes, les dégustations on fait pas ça pour le plaisir, faut pas croire, le confort est spartiate!), un rouge muté à la robe très sombre, très fruité. Comme j'étais pressé j'ai annoncé rapidement un Maury vintage du Mas Amiel, à quoi Michael a répondu que j'avais pas dit une connerie... Eh, je dirais des conneries ça se saurait ! (prière de ne PAS relire les comptes-rendus précédents). En fait de Maury, c'était ce à quoi Maury aimerait bien ressembler. Un Porto vintage 83 de Ramos-Pinto. J'ai pas les commentaires des autres, ils les ont faits dans mon dos j'imagine.

Pour conclure, quelques vacheries que je suis pas arrivé à classer dans le CR :

- Le chien de Francis et Jeanne s'appelle Hold-up, et a un kiki sur la tête. Si. Siii. Ch'te jure.
- A mon avis, Francis en tutu ça donnerait des cauchemars à Noureev, voire à toute autre drag-queen.
- A part sur la première bouteille, Francis n'a pris aucun risque dans ses remarques. C'est moins drôle, quand les estrangers se méfient. Allez venez, venez, n'ayez pas peur !!
- Eh, Francis, après JPH, PatChaz, Mireille et Florent, on commence à avoir un bon échantillon des piliers de iacchos à notre palmarès. Y'en manque encore, envoyez vos candidatures !!!

François.

Une remarque à mes compères iacchosalpins pour terminer : va falloir qu'on se restreigne dans le nombre de bouteilles et dans les durées de soirées, ou alors qu'on s'organise pour limiter les risques (dodo sur place, taxi, ...), sinon un de ces jours je vais avoir un compte-rendu pas drôle à écrire. Ou alors quelqu'un d'autre l'écrira, ce qui est pas mieux tout bien réfléchi.




10 Novembre 2000, chez Alain
En cours de rédaction ? ....



11 Novembre 2000, chez Marc
Muscat du Cap Corse, Antoine Arena, 1999
Champagne Franck Pascal, Brut 'Révélation', 95-96, 6g/l, dégorgé 17 jan 2000
Champagne Raymond Boulard, Cuvée Rosé Brut
Château de Mille rouge, 1992
Château Fortia 1989
Charmes-Chambertin, Le Savour Club, 1989
Haut Carles, Fronsac 1997
Côtes du Rhône villages, cuvée pigée 'Les Amandiers' 1998
Vin Jaune, Château d'Arlay, 1988
Château Châlon, Berthet-Bondet, 1992
Vin de Paille, Château d'Arlay, 1996
Champagne Raymond Boulard, La Comète 1986
Rivesaltes Ambré , Henri Desboeufs, 1978
Domaine de la Rectorie, L' Oublée



Au début (3 jours avant, le jeudi), ça devait être un apéro, avant d'aller au resto. Puis le vendredi, c'est deveu un déjeuner à la bonne franquette. Et puis ...

Pierre est arrivé à 12h tapantes, et bien que je sois toujours à la bourre, je m'y attendais, j'avais eu le temps de mettre un flacon au frais. Parce que dixit Michael lui-même "quand je dis une heure, tu comptes 3/4 d'heures de pus, le temps de prépare les enfants, etc ..."

Pour faire venir les retardataires ( = tous sauf Pierre ), on a commencé par siroter un Muscat du Cap Corse, Antoine Arena, 1999. Pas grand chose à dire, si ce n'est l'équilibre fruit-richesse-finesse-puissance dont beaucoup rêvent. Faut croire que ça marche, voilà donc Michael avec Stefania et les enfants, Alain, et en dernier, le Francis, Jeanne et Hold-Up. Pourquoi en dernier ? Parce que le Francis farfouillait avec application dans son coffre pour revenir les bras pleins de flacons, avec et sans bulles, avec et sans sucre, etc ... Je le vous recommande chaudement pour votre prochaine dégustation, c'est lui qu'y faut inviter !! Autant dire les voeux pieux de François (voir dernier CR, 1 bouteille par participant) n'avaient pas été écoutés ce jour-là. Dieu devait encore être aux plumes...

Nous voici donc : Francis, Jeanne, Michael, Stefania, Alain, Corinne et Marc. Jeanne et Stefania ne goûtent pas.
Et c'est parti pour les premières bulles de la soirée. Une robe claire, un nez à la fois floral et brioché, des bulles fines mais persistantes, une bouche nette et de bonne longueur, voilà un vin que mes compères demandaient à goûter depuis quelque temps, étant le seul à avoir commandé quelques cols chez Franck Pascal. C'est un Brut 'Révélation', 95-96, 6g/l, dégorgé le 17 janvier 2000, apprécié notamment pour son caractère peu dosé, dixit Francis.

Là-dessus Francis ouvre sa cuvée de rosé Brut Raymond Boulard. Il trouve que le voyage a rendu le nez assez flou, que les arômes ne sont pas nets, assez mélangés et qu'il faudrait le goûter dans 3 ou 4 jours. De notre modeste point de vue, c'est quand même bien mieux que ça : le fruit est très présent, même s'il n'explose pas comme l'aurait souhaité Francis, mais une bonne structure en bouche, sans agressivité, laisse deviner un bon vin de repas. Le lendemain, il était tout aussi bon. A noter, c'est un rosé de saignée.

Le petit salé est près, faut passer à table. Le premier vin est carafé depuis 2 heures. De couleur rouge assez claire, avec des reflets brun/orange. Le nez est très ouvert, mais laisse place à des interprétations variées. Michael le verrait bien en Bourgogne, et Alain n'est pas loin de le suivre. En bouche, aucune agressivité, tannins fondus, fruits rouges et épices, et une petite acidité qui pourrait en effet faire penser à un pinot noir. C'est un Château de Mille 1992, côtes du Lubéron. Il a été mis en bouteille mi-1998, ça fait 6 ans 1/2 de fût (avec ouillage bien sûr)


Un autre rouge carafé depuis 2 heures. Bien plus foncé. Un nez de réglisse, de fruits cuits. La bouche est fondue, l'alcool est très légèrement présent, mais je m'attendais à pire, après l'avoir goûté il y a 2 ans (limite dissocié, alcool très présent (14°) et forte acidité). C'est une heureuse surprise, très agréable, d'un vin assez dense, à maturité mais qui pourrait encore attendre 5 ans. Michael annonce Châteauneuf. Bien joué, Château Fortia 1989.

Alain sort sa bouteille, emmitouflée jusqu'au haut du col comme d'habitude. C'est qu'il aime bien faire des surprises Alain, et vu ce qu'il nous sort, on se laisse faire ... Pourtant, il ne semble pas sûr à 100% de la qualité du produit, et avance des circonstances atténuantes du style 1er achat, m'y connaissait pas trop, etc ... La robe est rubis clair, légèrement tuilée, un nez qui annonce un pinot noir de bonne famille, celà semble n'être pas contredit. L'évolution se confirme en bouche, de longueur moyenne, ainsi que la complexité, mais d'une finesse évidente. Francis penche vers Gevrey-Chambertin et le bougre montre là qu'il ne connait pas que le champony : c'est un Charmes-Chambertin 1989 du Savour Club.

La bouteille suivante est une première, si je ne m'abuse : c'est la 1ère fois qu'une bouteille à moitié entamée de la veille est présentée. Et Michael a bien fait, car on a le plaisir de goûter un vin pas aussi fermé que sa jeunesse l'aurait laissé prévoir. Une robe presque noire, des fruits noirs, un nez profond mais pas explosif, une bouche dense, grasse, presque Pomerol, des tannins présents mais civilisés. "Un vin de garage" dit Michael. C'est Haut Carles 1997, un Fronsac.

Le suivant, je l'ai ramené du sncp de Lyon 2 semaines auparavant, et j'ai envie de le faire goûter. La robe est grenat sombre, le nez est assez musclé et pas encore bien net, fruits noirs et épices, en bouche l'alcool et les tannins présents mais la matière est là. Peu de notes, pas beaucoup de commentaires, Michael hoche la tête, j'ai peut-être l'air trop enthousiaste, ils n'osent pas me contredire ! C'est un CDR cuvée pigée "Les Amandiers" 1998 de Corinne Couturier du domaine Rabasse-Charavin. On verra dans dix ans, j'en rigole déjà.

Il est 16h, et pour la paix des ménages et celui de notre estomac, nous décidons d'aller faire station verticale en remuant les gambettes du côté du monastère de la Grande Chartreuse, c'est à 5 minutes en tracteur. Ca tombe bien, il fait encore jour, le peu de neige a fondu. 2 heures plus tard, oxygénés, on retourne à la maison pour les fromages, les desserts, ...

Et comme on en parlait depuis quelque temps avec les camarades, j'ai sorti un vin jaune du Château d'Arlay 1988, parce qu'en plus sur un petit salé, j'avais envie d'essayer (ça marche pas trop mal). Francis était assez dubitatif, les vins jaunes qu'il avait goûté ne lui avaient pas laissé un souvenir impérissable, loin de là, et à Jeanne non plus. En résumé, très cher pour le peu de plaisir qu'on en retirait. Rogntudjùuu ! Et ben il a bien fait de venir le Francis, il a changé d'avis promptement. Un nez complexe, noix, safran et autres épices, une bouche très douce, riche, et très longue.
Michael se tape la tête contre la table en répêtant "et c'est ça que j'ai reposé à la caisse, et c'est ça que j'ai reposé à la caisse , etc ..." Alain est moins perturbé, on le sait, ces arômes, cette gamme de goûts et d'odeur ne sont pas ce qui le fait le plus vibrer, bien qu'il trouve cela intéressant, et se sacrifie systématiquement lorsqu'il y a un vin jaune d'Arbois ou un Château Chalon à goûter...

On est parti à parler de Berthet-Bondet. Son Château-Chalon, disais-je, fait plus dans l'élégance et l'équilibre, et comme quelqu'un n'était pas d'accord, on a sorti un Château-Chalon 1992 de Berthet-Bondet, dans le feu de l'action. C'était plutôt une erreur, mais on est impétueux et curieux par ici msieurs dames, et on juge sur pièces ! Ce vin a toutes les qualités pour nous survivre, entre autre cette acidité qui le désservait face à l'Arlay 1988, déjà plus agréable à boire. Et effectivement, le nez du Château Chalon était plus fin, avec des nuances de pomme verte, une bouche retenue, une bonne trame acide, mais déjà une longueur et une finesse impressionantes.
Tout ça nous a permis de faire un sort aux comtés entre autres du plateau de fromage de Michael.

Et v'là le dessert, une tarte aux pommes de Francis & Jeanne, et une tarte tatin poire et canelle de Corinne, qui n'attendait que le vin de paille 1996 du Château d'Arlay. Une robe dorée, un nez de figue, noix, raisins secs, et une douceur et une longueur en bouche comme euh, euh ... on manque de superlatifs là ! Damned c'est bon, dommage que le prix dissuade de les commander par 12, que dis-je par 6, non voyons par 3 !!

Et pour terminer cette partie en beauté, Francis fait pêter la Comète. Vous connaissez par coeur : finesse avec une certaine stature, complexité, longueur... On va pas encore vous abreuver de superlatifs, mais je vois déjà à l'oeil de Corinne que si elle n'en n'a pas une caisse pour Nöel, je la verrai moins souvent que son avocat.

L'oeil du Francis pétille, il se lève pour chercher sa boîte magique, et voilà l'heure du cigare . Comme je suis le seul à lui tendre la main et le briquet, il viens s'asseoir à notre bout de table, sans oublier un Rivesaltes 1978 de Henri Desboeuf, qui a toute la panoplie : orange confite, caramel, nez de confitures à l'ancienne (abricots caramélisés), et j'en passe, le cigare devient obligatoire avec un tel breuvage, d'autant que oh surprise, je tends la main et j'attrape un bouteille d'Oublée du domaine de la Rectorie qui a échappé au remake de Little Big Horn qu'on a fait avec Pat Chaz. Ce coup ci, la cavalerie n'est pas là pour la sauver.

Mais on parle, on parle, et les enfants ont faim il est 19h30, alors Corinne et Stefania ramènent jambon, charcuterie, fromages sur la table, et Jeanne qui a un petit creux s'y met aussi, alors on fait réchauffer ce qu'il reste du petit salé, les jarrets, la rouelle et tout le bazar, et bientôt on ressort les chateauneuf, les cdr, les vins jaune sur les fromages et c'est reparti.

Quand arrive un petit coup de fatigue : oops, il est 23h45. Faut y aller. Et puis Francis et Jeanne reprennent la route le lendemain pour le pays des bulles ...

C'était une sacrée journée, encore merci à tous.

marc