Juillet 2001, chez Eric

Barbecue, rosés & choses plus sérieuses

Champagne rosé Bricourt
Minervois rosé, domaine Piccinini 2000
Moulin de Gassac Guilhem rosé vieilles vignes 2000
Bourgogne rosé de Jean-Claude Michaut à Epineuil 1998
Jacob’s Creek shiraz/cabernet 1999
Allozo de " bodegas centro espanolas. " 1993
La Roque rouge, cuvée Cupa numismae, AOC Pic Saint-Loup 1999
Figeac 1989
Madiran cru du Paradis 1996
Barbera d’Asti " superiore " 1998
Saint Jean de Minervois, Barroubio, 1998
Wine of the icebox (muscat-malvoisie) de Bonny Doon, 1999
Ogereau, prestige, 1990



BBQ en iacchosalpie

où l’on a appris, entre autre, que Michael boit tous les soirs et parfois même à midi...

Les iacchosalpins ne prenant jamais de vacances, c’est bien connu, ils décidèrent en cette fin de mois de juillet, de s’organiser un p’tit barbecue chez Eric.
Les présents : nos hôtes - qu’ils en soient remerciés! - Corinne, Eric, Nina et Théo (+ le lapin, mais Nina l’avait planqué...elle devait craindre qu’on le mange...), Michael, qui pour la 2ème fois consécutivement n’est pas arrivé le dernier (fais attention Michael, t’es en train de t’assimiler...), Pierre puis Susââânneeeu, Philippe, Catherine et Violette toujours aussi souriante, sans doute heureuse de venir... Mauvaise pente... (c’est qu’elle est encore à un âge où on le compte en mois...), un revenant, François, mais en grève de stylo, et votre serviteur.
Mais où sont passés Claude, Marc et Corinne II, allez-vous me dire ? Et bien, c’est à dire, vous comprenez, c’est que... je ne le sais pas...J’ai juste une petite idée pour Corinne et Marc. Ne les ayant pas revus depuis la fameuse soirée " fromages corses ", ils ont dû vouloir les finir...

Mise en bouche, en admirant la magnifique treille de raisins de table qui orne la façade sud de la maison : Champagne rosé Bricourt qu’Eric a en cave depuis une quinzaine d’années.
Robe saumon clair. Des bulles très très fines, tellement fines qu’on les voyait même plus...;-)) Nez et bouche très évolués, avec un peu d’oxydation, mais agréables, sur des notes de vieux pinot.
Expérience intéressante.

Les derniers étant presque tous arrivés (sauf Susâââneeeuu pour de sombres raisons de projet européen dont elle serait même le chef. Et oui, y’a des gens ‘achement importants chez les iacchosalpins, faut pas croire...), on peut attaquer les festivités. Et Eric insistant beaucoup, on l’autorise à ouvrir la 1ère bouteille, un rosé.
Un rosé de saignée de l’avis unanime, et même un rosé qui a beaucoup saigné, vu la teinte carrément éosine, j’avais jamais vu une teinte aussi... rose. Un rosé de syrah pour François. Philippe n’imagine pas ça dans le sud. François : " moi, j’imagine pas ". Michael, toujours aussi moqueur, propose un claret. Quant à moi, la robe m’étonne et je propose un rosé d’outre-atlantique. Ce à quoi François rétorque : " ça doit être du clinton, c’est la robe de Monica ".
Ben non, c’est bien de chez nous : un Minervois rosé, domaine Piccinini 2000.

Eric : " vous voulez essayer un autre rosé ? "
Silence... (je ne semble pas être le seul à ne pas courir après les rosés...) interrompu par un tonitruant " oui! oui! " de François qui est un peu en manque depuis quelques temps. Ce rosé a une robe plus classique que le précédent. Philippe, après l’avoir longuement humé et fait tourner dans ses bajoues : " j’sais pas à quoi c’est dû, mais j’ai du mal à trouver du caractère dans les rosés. " Les autres non plus visiblement, parce que la conversation est partie en montagne, sur la Pinéa, puis sur les fistules de Louis XIV au lieu de parler de ce Moulin de Gassac Guilhem rosé vieilles vignes 2000. Y avait p’t’être pas grand chose à en dire...
" Alain, repose vite ton verre! " me dit François après avoir lu la contre-étiquette où il est écrit : " boire jeune... " Pffff! Espèce de p’tit jeunot!

Eric: " on attaque un 3ème rosé ? ". Silence très lourd... Même François trouve que " ce serait p’t’être se faire du mal ". C’est qu’on à tous amené des rouges ou des liquoreux, des choses sérieuses quoi. Eric insiste : " c’est une bouteille qu’on m’a offert ". Philippe : " ça dépend par qui... " Eric : " ses initiales commencent par JP... " Les autres à l’unisson (sauf Philippe qui met toujours un peu de temps à réagir ;-) : " c’est bon, amène! "
Robe saumon clair et même oeil de perdrix, qui nous rappelle celle du Vannières, à Philippe et à moi et qui fait dire à Michael : " c’est pas tout jeune ça. " Moi, son nez me plait bien et ça me rappelle quelque chose, mais impossible de me souvenir quoi. Catherine, taquine : " depuis que tu es en vacance, tu te rappelles plus ? " Philippe : " et ça fait combien d’années que t’es en vacance ? "
Philippe pense à l’Alsace : " est-ce qu’il y a des rosés en Alsace ? " Pierre : " là-bas, t’as plein de pinots qui ressemblent à des rosés... " Philippe : " oui mais, est-ce qu’ils le font exprès ? "
Michael, qui essaye de nous impressionner quand Eric découvre la bouteille (il avait vu un bout d’étiquette) : " c’est pas un bourgogne non plus! "
Verdict : Bourgogne rosé 98 de Jean-Claude Michaut à Epineuil, dans l’Yonne. Et oui Michael, tricher, c’est tout un art!!!
C’était pas mal (mais ça reste du rosé...)

Aaaahhhh! La soirée va enfin pouvoir commencer : on attaque les rouges!
Comme toujours, on commence par un petit conciliabule où il s’agit d’en dire le moins possible, mais suffisamment quand-même, pour décider de l’ordre de passage des vins.
Et on décide de commencer par celui de Michael.
Robe très sombre, mais difficile d’en dire plus, parce qu’il fait nuit... Syrah/grenache + boisé => Coteaux du Languedoc pour moi. Espagnol pour Philippe. François : " c’est trop bon pour être espagnol " (t’énerves pas Victor, c’est une blague :-)) Un vin qui a plû à tout le monde, sauf moi, qui l’ai trouvé un peu caricatural et qui aurais dû penser au nouveau monde parce que c’était un Jacob’s Creek shiraz/cabernet 1999. " C’est Francis qui a laissé ça chez moi " nous dit Michael, presqu’en s’excusant. Et ben merci Francis!

Le rouge n°2 est offert par Eric. Il est poivré pour Catherine et assez fort pour Nina qui n’a pas voulu me croire quand je lui ai dit que son avis allait être lu dans le monde entier. Alors soyez sympas, renvoyez un petit mot gentil à Nina : adresse :
Philippe le trouve peu tanique. François et moi le mettons à Bordeaux et en 97, pour la famille aromatique et la finesse de ses tanins. François y trouve aussi une note champignon (et il aime bien...*)
* : précision pour Victor ;-)))
Ben c’était pas ça... un pur tempranillo de la Mancha : Allozo 93 de " bodegas centro espanolas. "

Le rouge n°3 est typé syrah pour Michael et moi. Un côte du Rhône sud pour moi, nord pour Michael qui le trouve assez fin, mais qui est dérouté par la forme de la bouteille (bordelaise) et qui propose, mais du bout des lèvres seulement : " Colombo ? "
François trouve des tanins agressifs à ce La Roque 1999 rouge, cuvée Cupa numismae, AOC Pic Saint-Loup .
On se trouve un peu couillons, parce qu’on l’a déjà goûté, et il n’y a pas très longtemps, mais personne ne l’a reconnu...

Le rouge n°4, c’est mon mien... Robe Bord... m*rd*! Je l’ai dit!
Pierre : " Ah! C’est sympa ça! " et se tournant vers Susanne qui vient d’arriver : " tu arrives au bon moment! " François aime bien. Philippe y trouve une note de térébenthine, mais après les récriminations des autres : " une toute petite note. " Michael n’a rien dit tant que la bouteille n’a pas été finie. Puis : " c’était pas mauvais " avec un grand sourire. Tout le monde est d’accord pour saluer la complexité, l’équilibre et la finesse de cette grande bouteille.
Comme c’était ma bouteille, j’ai insisté un peu : " alors c’est quoi ? " Tout le monde baisse le nez dans son verre pour ne pas avoir à répondre une bêtise, sauf François qui lance : " Figeac 1989! "
Bingo!!!!!
Je ne sais pas où il a eu une telle illumination. P’t’être le morceau de cervelle qu’on lui a enlevé qui a laissé de la place à l’intelligence ? ;-)))) C’est vrai qu’il connait ma cave, mais des bordeaux, même des 89, j’en ai quand-même... disons... un certain nombre...

La dessus, Michael nous en raconte une bien bonne!!! Mais il a rajouté en me regardant l’air très inquiet : " tu la notes pas, hein ? " Je ne l’ai donc pas notée...

Rouge n°5 : bouteille amenée par François. Michael ne le trouve pas jeune, puis : " c’est pas un bourgogne! " Devant le silence des autres, Michael rajoute, inquiet : " c’est pas un bourgogne, quand-même ? " Philippe : " c’est sympa, j’aime bien " Michael renchérit : " j’aime ça " Ce concert d’avis favorables touche beaucoup François : " sniff! sniff! vous êtes sympas... " Mais alors qu’est-ce que c’est ?
Philippe, d’un ton catégorique : " c’est pas un madiran! " Michael : " ça pue pas la syrah, c’est difficile... et en plus y’a pas de bois " C’est vrai qu’il est sympa, un peu simple mais à bonne maturité, avec des tanins lisses, ce madiran cru du Paradis 1996.

Rouge n°6 : la robe ambrée, le nez me rappelant le grenache, la bouche sèche, me font penser à un VDN, mais sec... Un vin un peu déroutant qui ne nous plait pas trop. Philippe : " il est pas si dégueu que ça. " Michael en se tournant et en crachant par terre : " non, c’est intellectuellement intéressant... "
Après le vin de la clinique Belledonne*, voici le vin de la cantina Sant’Agata. Un Barbera d’Asti " superiore " 98.
François : " les vins italiens, c’est comme les rugbymen australiens : ils nous envoient que les mauvais... "
Comme on met un peu de temps à finir cette bouteille, Michael nous parle de l’étonnant système de notation de Clive Coates : " il faut se plonger dedans... au bout d’un certain temps, on finit par comprendre que sublime c’est mieux qu’excellent, etc... " Moi : " ouaih... c’est la logique anglaise... comme au tennis : 30-0 quand t’as marqué 2 pts... " François : " Jeu blanc! Merde, c’était du rouge! "
* cf un épisode précédent, lors de la venue de Florent

Bruits de chiottes avant de passer aux sucres.
Pour éviter tout incident diplomatique, je ne préciserai pas les auteurs des paroles qui suivent... NDLR
" vous avez vu, Pat Chaz aurait voulu venir à notre soirée corse "
" ouaih! mais il confond Vercors et Chartreuse "
" et pis il est *assez gros* comme ça... "

La 1ère bouteille est celle de Pierre. Muscat pour tout le monde, sauf pour moi, ou plutôt, comme le muscat ne " pète " pas au nez, je pensais à un assemblage. Et c’est là que j’ai moi aussi une illumination, je propose : Saint Jean de Minervois et même Barroubio. Bingo! Mais le millésime ? Comme il me semblait un poil évolué, je propose 95 ou 96. Ben non c’était un 1998. Un très beau muscat qui a fait l’unanimité pour sa finesse et son équilibre.

La 2ème bouteille est de Michael. Philippe apprécie beaucoup. Les autres aussi d’ailleurs. Comme j’essaye d’obtenir des indices en cuisinant le Michael, il me rétorque : " Je dirai rien! Je ne m’appelle pas Alain Drillat, moi! " Enfoiré...
Ce qui surprend dans ce vin, c’est son énorme acidité citronnée qui lui donne de la fraîcheur et qui masque presque complètement un sucre pourtant important d’après ce que nous révèlera la contre-étiquette.
François a une nouvelle illumination : " ne serait-ce pas un eis-wein ontarien ? " On s’empresse de lui faire remarquer que ce serait alors un ice-wine...
Ben presque. En fait un " vin de glacière " (wine of the icebox, dans le texte) de Bonny Doon. Un muscat-malvoisie 1999, avec 17,5% wt de residual sugar... Si quelqu’un peut nous dire ce que cela fait en grammes (175 ?)
Philippe apprécie beaucoup et conclut par : " vive les californiens! " François tempère son ardeur : " ça se voit que c’est californien, c’est écrit 2 fois fucking par ligne... " Et pis le bouchon est en plastique et Michael y voit le secret de l’acidité. Quelle mauvaise langue ce Michael... Il s’en suit une discussion sur le vieillissement avec un tel bouchon : quid après 20 ans ? Ce qui provoque une profonde pensée chez Philippe : " j’comprends pas, pour les femmes, y’a pas de problème, et pour les vins, on se pose des questions. " Michael : " les femmes, après 20 ans, on s’en fout! "

La 3ème bouteille est amenée directement de la cave d’Eric, après qu’il ait pris conseil auprès de Michael. C’est un liquoreux très étonnant par sa robe carrément ambrée et par ses arômes marqués par le caramel (tout au moins pour moi).
Et c’est à ce moment que j’ai eu ma 2ème illumination de la soirée. Après m’être égaré à Banyuls à cause de la robe, au 2ème coup de nez, je lance un définitif " Ogereau, prestige, 1990 "
Michael n’en revient pas : " la dernière fois que j’ai bu ça (c’était à Chanzeaux, NDLR), Baudouin a dit exactement la même chose! " Ce qui me permet de pavoiser un peu : " je suis le fils spirituel de Baudouin! " François : " oui, et la prochaine fois que tu vois Mireille, appelles-là maman! "

Voilà, c’est fini. Encore une excellente soirée, vivement la prochaine!
Je laisse le mot de la fin à Michael : " Hic! "

Alain