petite visite en corse, Balagne & Patrimonio, Juillet 2002



2/3 remarques sur ce séjour, parce que j'ai très peu bougé, pour ceux que ça intéresse.

en résumé,
éviter les 2000 si vous pouvez prendre des 2001.
c'est souvent dilué et manque de fruit (sauf chez Arena & Leccia)

Clos Columbu

rien d'extraordinaire, vins bien faits pour une consommation rapide
toutefois :
- un muscat naturellement doux car non muté et issus de noûts partiellement fermentés (seuls Patrimonio & le cap corse ont droit à l'aoc muscat) qui est pas mal, avec des arômes de confit et de rôti (trop ?) présents, un léger déséquilibre en alcool et petit manque d'acidité (bouche un peu trop grasse). Vous me direz, je ne donne que les points négatifs, mais le point positif c'est que ça se boit quand même bien ! (ouvrir plusieurs heures à l'avance)
- un rouge liquoreux très sympa, style soupe de fraise, pas un monstre mais très fruité et agréable. à base d'un vieux cépage corse, l'aleatico.

pour info, et selon l' Arrêté du 20 mars 2002 relatif aux conditions d'attribution de
l'aide à la restructuration et à la reconversion du vignoble pour la campagne 2001-2002,
(http://www.adminet.com/jo/20020405/AGRP0200091A.html)
les cépages autorisés en Corse sont :

Haute-Corse :
aleatico N, biancu gentile B, cabernet franc N, cabernet sauvignon N, carcajolo nero N,
chardonnay B, chenin B, merlot N, muscat d'Alexandrie B, muscat à petits grains B,
pinot N, sauvignon B, cinsaut N, grenache N, mourvèdre N, nielluccio N, sciaccarello N, syrah N, ugni blanc, vermentino B.

Corse-du-Sud :
aleatico N, biancu gentile B, cabernet franc N, cabernet sauvignon N, carcajolo nero N,
chardonnay B, chenin B, merlot N, muscat d'Alexandrie B, muscat à petits grains B,
pinot N, sauvignon B, cinsaut N, grenache N, mourvèdre N, nielluccio N, sciaccarello N, syrah N, ugni blanc, vermentino B.

Domaine Renucci

très bonne surprise pour moi, je ne connaissais pas, j'avoue y être allé après avoir vu le coup de coeur de la rvf pour ce domaine. 2 cuvées pour les 3 couleurs : domaine et la cuvée Vignola

la cuvée domaine est caractérisée par sa simplicité, sa franchise, son fruit, une bonne longueur pour une 1ère cuvée et un bon équilibre, et surtout un très bon Q/P/Plaisir : 5¤
en rouge, c'est sciaccarellu et syrah (bernard renucci n'aime pas trop le niellucciu, dixit sa femme Sylvie, qui fait une très bonne huile d'olive)

cuvée Vignola : plus de tout, fruit, caractère. Déjà plus de blanc (merci la rvf), mais c'est le meilleur rosé de l'île que j'ai goûté, et j'ai vu après coup sur un phocopie d'un magazine au domaine qu'Olivier Poussier était d'accord avec moi ;-)
le rouge est Sciaccarellu/Grenache, c'est excellent, épicé, long, des tannins fins, beaucoup de caractère. Encore une fois, très bon Q/P/Plaisir : 7¤

enfin, bernard renucci pense sérieusement à faire des VT en vermentino, et vu la qualité de son travail, l'exceptionelle qualité du cépage, et ce que ça donne chez Antoine Arena ...

et enfin, après 2/3 minutes de prudente réserve (la grosse pub de la rvf et o.poussier pour les vins corses leur ont ammené beaucoup de monde qui commencent par demander les tarifs), excellent accueil de la charmante syvlie renucci, pas langue de bois pour 2 sous.


enfin, c'est pas du côté de Calvi, mais c'est mon préféré, alors ...

Antoine Arena

dégustation (2h +)avec Antoine & Marie Arena, Mr. J.P. Friol un ami de Pierre Overnoy, et un oenologue bordelais.
rien noté, recraché au début, mais plus ça allait, moins je recrachais... donc impossible de raconter par le menu

d'année en année, antoine arena produit des vins de + en + personnels, se démarquant de l'aoc patrimonio telle est actuellement dans son ensemble. Lui-même s'en contrefout, puisqu'il cherche la maturité du raisin sain avant tout et l'expression de ses terroirs que sont Carco (Est-Ouest) et Grotte di Sole (plein sud), de telle façon que c'est chez lui que je trouve l'expression la moins variétale du niellucciu et du vermentino qu'on puisse boire sur l'île, et qu'on remarque tout les ans la droiture et la minéralité du Carco, et l'exubérance et la richesse du GdS. Au fait c'est pas ça la définition d'une aoc ? ;-)

évidemment il souffre au minimum (3g à réception de vendange) puis ça arrive que ça passe par dessus la cuve lors des fermentations, mais il laisse sortir du gaz et ça se débrouille bien comme ça. pour les curieux, il n'a jamais batonné les blancs, ils sont déjà naturellement riches.

donc antoine ne s'*mm*rd* plus à présenter ses vins à l'agrément puisquils font souvent 15 ou 15,5° potentiels, et ça passe en vin de table. il avoue d'ailleurs en souriant que son goût et sa conception évoluent, et qu'il ne se voit plus faire des vins ayant moins de 5g de résiduel.
évidemment, il y a tout derrière pour que ce sucre ne soit pas perçu comme étranger, mais partie intégrante et nécessaire du vin. J'ai d'ailleurs eu l'impression qu'antoine n'était pas toujours bien perçu par ses collègues, comme lorsque les layonneurs cassaient les pithon et autres baudouin il y qqs années. alors que lui dit clairement qu' il y a une dizaine de vignerons à Patrimonio qui bossent bien, pas toujours dans le sens qu'il souhaiterait, mais bon.

on a donc goûté le bianco gentile 2001 sur cuve, très floral, pas la richesse du vermentino, mais bonne longueur quand même, un peu gêné par le co2, agréable finale sur l'anmande amère. C'est le 2ème millésime, antoine a été le 1er a le planter (en dehors des expérimentations du civam, dont il est le président), mais il semble que d'autres s'y mettent goûte aussi en demi sec, excellent, mais c'est pas encore en bouteille à la vente

et ensuite les carco et GdS en blanc et rouge en 2001 & 2000, RAS, que du bon, sauf un carco (rapelle plus le millésime, 2000 ??) en bouteille, petite déception, mais il patissait d'un passage après un petit monstre avant

mais le pompon, ce fût les vendages tardives de vermentino. 3 vins.
le 1er, on repartirait déjà à poil pour pouvoir en acheter un carton
le 2ème, du 99, on l'avait goûté avec les alpins au début de l'année, voir ici
et c'est vraiment TRES grand
le 3ème, c'est le principe de la confiture à patrick baudouin, il y en a 150 litres, ça coule dans le verre presque comme du miel de chataîgnier, c'est couleur orange bien cuivré, c'est un ovni, de la quintessance d'abricots rôtis, c'est de l'extrême.
le 2ème vin était déjà une pure friandise, je ne sais pas comment appeller le 3ème !
pour vous situer le truc, antoine dénigre son muscat, par rapport à ses VT !!!

ce fût pour moi un très grand moment, les arena sont toujours aussi adorables et disponibles.
certains pensent le contraire, il faut juste insister encore et encore pour aller goûter à la cave, et montrer que vous êtes un humble passioné...

marc