04 Octobre 2002, chez Stéphane

Thème : joyeux bordel

Crémant d’Alsace, Clos des Paiens, Heidenberg, Brut 1994, Seppi Landmann
Prieuré de Saint Jean de Bébian Blanc 2000
Marsannay Blanc VV 1999, Philippe Naddef
Côte Rôtie 1991, JP & JL Jamet
Château Vannières 1992 (Bandol)
Fieuzal 1986 (Pessac Léognan)
Domaine Gramenon, La Mémé, 1997
Terre Inconnue, cuvée Léonie, 100% carignan, 2000
Boisrenard 1997
Aramon 2001 (Robert Creus, pour s'amuser)
Jus Soli, Mr. Ravaldel, St Séries
Terre Inconnue, cuvée Los Abuelos, 2000 , 100% grenache
Terre Inconnue, cuvée Sylvie 2000 (83% syrah, 12% grenache, 5% carignan)
Château Tourmentine, Côtes de Bergerac moelleux 1999
Rivesaltes VVV 1998 Dupéré Barrera



Présents : Stéphane & sa douce Nathalie, Michael, Alain, Pierre, Marc, Renaud, Philippe, François, Eric

Je suis au regret de commettre encore une fois un CR ne contenant que des commentaires même pas potachesques qui se veulent notes de dégustation, mais personne ne veut se cogner les CRs, même ceux qui critiquent, sont trop occupés à vider les godets ;-)

Crémant d’Alsace, Clos des Paiens, Heidenberg, Brut 1994, Seppi Landmann
Robe paille, claire, vu son âge
Nez assez complexe, sur la poire, j’entends pinot noir dans le lointain, mais l’auteur de cette afiirmation se cache derrière son verre. Eric trouve la bouche charnelle et minérale, et je complèterais par longue et fraîche, avec des nuances d’évolution. La bulle s’affine rapidement dans le verre (5min). Bel apéritif.
(Pierre)

Prieuré de Saint Jean de Bébian Blanc 2000
Robe dorée clair.
Nez de fruits confits, fruits à l’alcool, pêche blanche. Stéphane trouve le nez surprenant, sans développer ce qui le surprend. Marc part sur le languedoc, et connaissant un peu les goûts d’Alain, affine sur Bébian, mais c’est un peu de la triche …
La bouche est riche, avec une impression de léger sucre résiduel, fondue, fruitée et expressive, mais la chaleur de l’alcool en fin de bouche gâche le plaisir. Une température de service trop élevée qui massacre un peu le vin, dommage.
(Alain)

C’est à ce moment que je trouve judicieux d’ouvrir ma 1ère bouteille. Je me dirige donc vers la cuisine, en cherchant des yeux un tire-bouchon. .Stéphane me propose d’utiliser un outil de compétition, qui enfonce la vis dans le bouchon puis débouche dans le même temps / même mouvement, et qui ressemble un peu à une boucheuse de base, avec 2 bras que l’on écarte pour placer le bouchon, puis que l’on ramène à la verticale pour enfoncer le dit bouchon . Comme ça m’a plutôt l’air d’une machine infernale, je dois répondre à sa proposition d’un regard tellement ahuri qu’il décide de la déboucher lui-même.

Moi, j’ai rien contre, et puis Stéphane, il fait bien 1m90, alors … il place la vis, prend son élan, appuie bien fort sur les deux bras, et la machine du diable enfonce le bouchon dans la bouteille sans le perforer, et crée un joli geyser de carignan, bref mais tonique, qui a l’outrecuidance en passant de colorer le plafond refait à neuf récemment, et d’asperger chemises, tshirts alentour. Faut dire que c’est du concentré de carignan, entre 15 et 20 hl/ha et 15% … Alors ça tâche grave, les briquettes et les pierres non traitées s’en souviennent, même l’éponge avait du mal à enlever les tâches sur la peinture neuve.


l'étendue des dégâts, au propre comme au figuré

Nathalie me demande avec un petit sourire si j’ai quelque chose contre sa maison, vu que au printemps, j’avais amené un fromage de chèvre de Daniel Sabiani (Galéria, Corse) qui aurait été capable de décoller le papier peint si la cuisine avait été tapissée, et dont ils ont senti l’odeur dans la maison pendant une semaine.Well well well …
Je ne peux que bénir le geste d’hôte accueillant de Stéphane, je n’aurais pas aimé être le bras armé du carignan vengeur.

Marsannay Blanc VV 1999, Philippe Naddef
Stéphane pense nous faciliter la tâche en nous révelant que le vigneron en question fait des vins dans les 3 couleurs, et bien sûr François : " c’est Kieslowski ? ? "
Nez très floral. Bouche fruitée, pleine, avec une acidité bien présente qui étire une bouche minérale assez sèche.
Dur d’y voir du chardonnay. Stéphane avoue avoir été déçu par les rouges & rosés, lors d’une récente visite avec Christophe Rémond & Yair Tabor.
(Stéphane)

Côte Rôtie 1991, JP & JL Jamet
Robe sombre, Nez animal (" râble d’irlandais " selon Alain) et fruits rouges
Bouche très fine. Belle fraîcheur en bouche, tannins fins, belle longueur, pas d’évolution de la syrah dans le style aisselles de lièvre en rut et c’est tant mieux.
(Michael)

Château Vannières 1992 (Bandol)
Nez de fruits rouges acidulés, groseille. Michael trouve du cabernet sauvignon, propose médoc 1993, avec l’accord de Stéphane. Philippe reconnaît avec un petit sourire que c’est effectivement le plus bordelais de cette région, mais … Pierre est agressé par les tannins, et la fin de bouche asséchante. Et comme plusieurs de nos expériences nous l’ont montré, c’est un vin de repas qui s’accorde très bien avec le sauté de veau aux olives de ce soir : les tannins disparaissent comme par magie, plus que du fruit … Peut-être l’attendre encore qqs années ?
(Philippe)

Fieuzal 1986 (Pessac Léognan)
Victime de son superbe classicisme, la bête est immédiatement identifiée par Philippe comme un Bordeaux de noble origine, ce que conçoit également Pierre en le décrivant comme bien évolué, et Philippe en rajoute une couche : 1986. C’est le problème avec ces vins qu’on identifie rapidement ;-) après on les boit sans les décrire plus avant, et plus de commentaires pour celui qui prend des notes. Donc rien de plus pour celui-là, si ce n’est que c’était pas mal du tout, et pas en bout de course.
(Renaud)

Domaine Gramenon, La Mémé, 1997
Robe trouble, ce qui situe déjà le problème, et nos interrogations.
Nez exubérant de groseille.
Pour Alain, des notes de pruneaux au nez, une bouche assez plate. Le manque de vigueur de la bouche associée aux notes de fleurs fanées au nez fait conclure à jessaipuki que ce vin a 20 ans révolus.
Alors que Renaud voit ça très jeune, dans le style vin bourru. On devine un problème de re-fermentation en bouteille, sans arriver à réellement le qualifier correctement.
(Stéphane)

Terre Inconnue, cuvée Léonie, 100% carignan, 2000 (celui qui a repeint une partie du plafond de la cuisine)
Robe très sombre
Nez sur la cardamome, réglisse, les arômes sont profonds et sauvages. Annonce du cépage " carignan " pour mettre sur la piste. C’est un brêche dans laquelle Alain s’engouffre " je croyais qu’il était en prison ? ".
On retrouve le " sauvage " en bouche avec du cuir, un côté animal. L’attaque est très douce, sur le fruit, la bouche est dense, fondue et longue avec des tannins très fins, mais ce vin divise déjà : certains lui reprochent un alcool trop présent en fin de bouche qui le déséquilibre. Peut-être une température de service un peu trop élevée.
(Marc)

Boisrenard 1997 (Châteauneuf du domaine de Beaurenard)
Robe très sombre
Nez de caramel envahissant, qui fait dire à Eric " Château Carambar ! ", alcool bien présent au nez également (nez de marc prononcé)
Des notes appuyées de grillé en bouche pour Stéphane : " forte chauffe & chapta ! "
On retrouve en bouche l’alcool avec un fort désequilibre. Michael penche pour un 100% grenache du roussillon.
Eric lui reconnaît une belle acidité, mais nul ne s‘est prononcé sur sa perception de la matière derrière l’alcool et le bois. On ne peut prédire ce que va donner cette bouteille, et si le bois sera digéré et dans combien de temps.
(François)

Aramon 2001 (donné par le papa de Robert Creus)
Celle m'a été donnée pour rigoler en faisant goûter à l'aveugle
Sans soute y avait-il un problème sur cette bouteille, comme les commentaires suivants peuvent laisser l’imaginer, mais ce que j’avais goûté 2 semaines avant chez R.Creus était buvable, curieux et intéressant. J’étais parti sur du grenache, et un professionnel réputé sur de la syrah, c’est vous dire … Quant à cette bouteille …
Michael lui trouve un nez dégueul
âsse, et avec l'accent irlandais. Alain est plus distingué et évoque l’existence d’une déviation aromatique, François parle littéralement d’un nez " effrayant ", mais Eric reconnaît les arômes caractéristiques du yaourt à la pomme, et annonce " pomme golden " comme cépage, ce que les normands reconnaissent comme étant la pomme à cochon.
(Marc)

Entre temps j’avais ouvert d’autres bouteilles, sous l’œil visiblement inquiet de mes comparses, et celui, terrorisé, de la maitresse de maison qui craignait sans doute de voir sa cuisine ravagée par une éjaculation précoce de jus de raisin fermenté & languedocien.


je ne sais plus ce qu'il essaie de me dire le Eric, il était tard ...

Jus Soli 2000, Mr. Ravaldel, St Séries (60% grenache 40% cinsault)  (donné par le papa de Robert Creus)
Mr Ravaldel était l’associé de R.Creus dans l’aventure Terre Inconnue jusqu’en 1998.
Jus soli fait référence au droit au sol ‘justiciae soli ‘, comme "justiciae sangui" à celle du sang)

Une robe noire, encore de la concentration, 15% sur l’étiquette.
Vu que c’est encore une de mes bouteilles, je note une certaine appréhension dans le regard des convives, mais ils osent quand même mettre leur nez au dessus du verre.
Renaud lui trouve un nez puissant et complexe. J’entends " épicé, cannelle.. ". L’appréciation est unanime, même si l’assemblée semble lui préférer la cuvée Léonie. Sauf Alain, grand amoureux de l’élégance, qui m’avoue à mi voix " je peux pas dire que j’aime bien ça… " Toujours cette "chaleur " trop présente en fin de bouche. Et je crois bien que Michael faisait la moue un peu aussi.
Quand il m’a donné la bouteille, R. Creus m’a prévenu qu’il ne la trouvait pas au top, et qu’il estimait avoir raté l’assemblage en incorporant trop de cinsault (grenache en majorité)
(Marc)

Terre Inconnue, cuvée Los Abuelos, 2000 , 100% grenache
Ma grande déception de la soirée, car si son degré d’alcool élevé s’accommodait fort mal d’une température de service inadéquate, cela n’expliquait pas tout.
Le nez était monolithique et évoquait principalement les fruits confiturés. Le vin a globalement été, au mieux, mal apprécié (j'ai entendu des trucs du style : "Equilibre alcool/propanol "), en raison du gros déséquilibre sur l’alcool et du manque de fraîcheur.
(Marc)

Terre Inconnue, cuvée Sylvie 2000 (83% syrah, 12% grenache, 5% carignan, 60% bois neuf)
Robe noire
Nez très floral, pivoine, fruits noirs, profond, unanimement apprécie. Stéphane le trouve superbe.
En bouche, encore une attaque très douce, un fruit discret, grande concentration, des nuances chocolatées, tannins très fins, grande longueur. Pas d’agression d’un alcool trop présent, mais je ne retrouve pas la fraîcheur
extraordinaire que j’avais ressenti en goûtant la syrah sur fût l’année dernière, et cette même cuvée Sylvie deux semaines auparavant au domaine. Michael apprécie tout de même. Mais les avis sont encore partagés, certains parlent de "monstre "
(Marc)

Château Tourmentine, Côtes de Bergerac moelleux 1999
Nez très bizarre, difficile à qualifier, qu tire sur le champignon.
Michael lance " sauvignon " comme ça, et personne ne trouve le vin agréable.
En bouche, c’est dilué, et évoque l’eau sucrée, même si c’est dur par rapport à un vigneron de qualifier ainsi son travail.
(Eric)

Rivesaltes VVV 1998 Dupéré Barrera
Michael, Alain, Marc trouvent de suite.
Toujours aussi fondu, fruits, épices, écorce d’orange.
Mais trop sur le fruit pour s’accorder avec le chocolat du dessert (bon mais trop sucré pour le vin)
(Eric)

En conclusion sur les vins de Terre Inconnue

J’ai fait l’acquisition, après les avoir goûtés, des vins de Terre Iconnue pour l'équilibre, la combinaison de fraîcheur et de concentration que je trouvais extraordinaire , non polluée par la perception du haut degré d’alcool acquis, ce qui les rendait accessibles jeunes.
Sur cette dégustation, je ne m’explique pas le manque de fraîcheur de l’ensemble des vins, même si la température de service était plus proche de 18° que de 15°. Bien sûr, les vins venaient de faire 3/4 d’heure de route de montagne et s'étaient à peine reposés, mais je ne pense pas qu’il y ait de rapport. L’alcool était trop présent en fin de bouche
La cuvée Sylvie sort du lot bien sûr, la cuvée Léonie étonne, et en a séduit quelques uns, mais on a une Sylvie pour 2 Léonie... Gros flop de " Los Abuelos ", on est passé complètement à travers, sans trop que je sache pourquoi. Donc j’ai regoûté le lendemain, à une température autour de 15°.

Aramon
Toujours un nez puisssant et alocooleux, fr fruits trop mûrs et blettis
Bouche acidulée puis acide, de l’amertume, peu de fruit, chimique
Cohérent avec hier soir, peut-être pb. de bouteille

Jus Soli
Nez pas très net (peinture, produits..)
Attaque souple, mais fin de bouche sur l’amertume+tannins+alcool
Quelle évolution pour ce vin ?

Sylvie
1er nez discret
2ème nez chocolat, réglisse, pas exubérant, profond
en bouche, attaque souple mais dense, bonne acidité et une foule de tannins fins en fin de bouche

Los Abuelos
Pas de faux goût contrairement à hier
Attaque toujours souple et sur le fruit, mais viennent ensuite les indomptables tannins & alcool

marc