petite visite en corse, Figari & Patrimonio, Avril 2003
Yves Canarelli            Antoine Arena           10 bouteilles grapillées

voir la visite de 2002 : Clos Columbu, Bernard Renucci, Antoine Arena
voir un CR d'une soirée thématique Corse en 2001




25 avril 2003. Yves Canarelli.

En attendant l’ouverture du chai au domaine en 2004, à Tarabucetta, la vinification (l’accueil pour la dégustation également )se passe dans une coopérative de services, créée par Yves Canarelli et d’autres vignerons. Ce fût pour lui l’étape obligée pour avancer dans la construction du domaine qui s’étend sur 22 ha, planté de sciacarellu, niellucio, syrah, vermentino. Les vignes sont jeunes. Trois cuvées, une de chaque couleur. Depuis 2 ans en bio, mais comme le dit YC, ça ne change pas grand-chose pour lui, il n’y avait déjà pas de désherbants et autres produits du même genre avant.

Nous n’avons pas évoqué les blancs, qui ne sont pas à la dégustation, car une quantité infime a été produite à cause du gel au printemps. Donc encépagement inconnu pour les blancs, mis à part en vermentino. Je parle alors de mes impressions sur un autre blanc de Figari, la cuvée Alexandra 2001 du domaine de Tanella : de la matière, mais un vin peu exubérant, droit, presque fermé, et surtout une bouche minérale et iodée, avec du gras. YC me répond que le minéral et le iodé sont les 2 caractéristiques du terroir de Figari, argileux, sablo-limoneux par endroits, et granitiques. J’aurais bien aimé voir ce que cela donne, élevé en barrique ... Le Clos Canarelli blanc semble répondre également à cette description. YC ajoute que ce côté minéral se retrouve à des degrés divers dans les 3 couleurs. D’accord pour le rosé, mais ce n’est pas ce qui m’a sauté aux yeux dans la cuvée rouge.

Le rosé est 100% sciacarellu, pressurage direct. Y.C. ne recherche pas l’exubérance de parfums au nez ou l’intensité aromatique en bouche à tout prix, mais la finesse, la souplesse, le gras, le volume et la longueur en bouche (vrai pour les 3 couleurs). Cela en fait un rosé de sciacarellu un peu atypique de ses congénères sur l’île, par exemple celui du Clos Capitoro, qui possède un fruité intense mais une bouche courte. Un rosé à aérer avant la dégustation pour le libérer de cette légère touche perlante. Un vin de repas, gras et structuré, mais fin et équilibré. 8 euros.

Le sciacarellu n’est pas encore digne de figurer dans son vin rouge. YC y travaille actuellement pour sortir de beaux raisins de ce cépage, et pour le faire entrer à 10 ou 15% dans l’assemblage et y apporter ses notes typiques d’épices. S’il accorde au sciacarellu une très grande finesse et un beau parfum, YC utilise le niellucio comme colonne vertébrale de son vin, pour asseoir sa charpente. Sa part dans l’assemblage ne descend jamais sous les 60%. Elle est de 70% pour le 2001, la syrah le complète pour 30%. Elevage en barriques 8 à 14 mois. 12 mois pour le 2001, proportion de barriques neuves plus élevée que d’habitude. YC considère 2001 comme sa meilleure année en rouge. Le niellucio donne à Figari des vins plus fins que ceux de Patrimonio, plus puissants. Mais YC considère que ce n’est pas un argument suffisant pour faire un vin 100% niellucio, car élevé dans le bois il serait imbuvable avant de nombreuses années. Mais il pense à une petite cuvée parallèle ...

Comme dans de nombreux domaines, les essais sont multiples. YC laisse 8 grappes par pied, et conduit des essais avec 6 grappes pour évaluer la différence de concentration. Ici, l’adéquation de la syrah avec le terroir de Figari est en bonne voie puisque 2 parcelles sur 3 rendent quelquechose d’intéressant, avec tout de même des rendements sous les 30 hl/ha. Mais ce n’est pas encore la qualité de syrah qu’il espère. Il a ramené différents plants de syrah de Tain l’Hermitage (pas de clônes, qu’il dénonce vigoureusement), pour tester ceux qui s’adapteront le mieux.

Un des axes principaux du travail d’YC est maintenant de faire plonger les racines de ses vignes pour qu’elles atteignent la roche mère, pour sortir plus de terroir dans ses vins. YC fait partie des convaincus du travail à la vigne : le principal est de rentrer des raisins sains et bien mûrs, et les respecter à la cave (comme Bernard Renucci dans l’AOC Calvi, de qui on a parlé et dont il semble apprécier le travail). Il suffit ensuite de ne pas faire de " conneries " pendant la vinification et l’élevage.

Le vin rouge 2001. Robe rubis sombre. Un nez au fruité discret mais profond, avec une touche de vanille dûe à l’élevage, qui s’estompe assez vite. Une attaque souple et fruitée mais avec un couple densité/finesse dont je ne connais pas l’équivalent sur l’île. La bouche est équilibrée, longue, avec des tannins au grain très fin. Le niellucio apporte sa structure et ses nuances de fruit noir, le côté animal et sauvage qu’on rencontre parfois dans des proportions déplaisantes est ici aux abonnés absents. Et bonne nouvelle pour moi, qui ne suis pas un amateur de soupes de chêne, le boisé ne joue pas la star, l’élevage en barriques est au service de la belle matière que présente ce vin. Belle bouteille avec un potentiel de 7 à 12 ans. 11 euros. 25 euros en magnum.

YC considère qu’il a progressé dans son utilisation du bois en 1997, date du premier vin élevé en barrique. Je suis tout prêt à le croire, tant le boisé du 2001 est judicieux. Pour le 1997, le bois commence à se fondre. Encore 5 ans devant lui. Décidemment, j’aurais bien aimé goûter le blanc, je vais voir de ce pas en ville s’il y en a dans les magasins d’épicerie fine...


02 Mai 2003. Antoine Arena.

Passage obligé et très grand plaisir comme tous les ans. Une dégustation à la cuve surtout. 2002 ne sera pas un grand millésime. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il y a un effet millésime important en Corse. En tout cas chez Antoine Arena.

Carco Blanc 2002 (cuve)
c'est donc le millésime qui décide, on revient sur un style plus traditionnel et moins flamboyant. Une acidité marquée, et une minéralité remarquée, apaisées par un fruit typique du vermentino, et son amertume élégante en fin de bouche.

Grotte di Sole Blanc 2002 (cuve)
c'est le Carco avec des notes de surmaturité (fruits exotiques, ananas), et plus de gras et de longueur, mais on ne peut comparer à 1998, 2000, encore moins 2001. On sent le minéral en fin de bouche, après les notes de surmaturité. Un petit cousin des 1997.

Essai assemblage 90% Carco 10% GdS
impressionant comme 10% de GdS arrivent à arrondir le Carco et à enrichir le fruit. Plutôt réussi, avec comme bémol une amertume insistante et pas dans la bonne tonalité. Antoine dit que ça devrait s'arranger avec un soutirage, pour enlever des lies et aérer un peu le vin. De toute façon, il semblerait que cet essai ne sera pas commercialisé.

Bianco Gentile 2002 (cuve)
nez très fleuri, qui contraste avec une bouche assez massive, et un milieu de bouche inconnu pour moi, un goût assez sauvage mais pas aggressif, et une finale de bonne longueur. Ce cépage, typiquement Corse, est très intéressant. Confirmé par le 2001 en bouteille, avec des notes plus complexes encore. Moins élégant que le vermentino, mais je regrette de ne pas en avoir pris quelques flacons l'année dernière

Carco Rouge 2002 (cuve)
nez réduit, mais disparaît assez vite à l'aération. robe rubis claire. en bouche un fruité franc et simple, quelques tannins accrocheurs qui essayent de compenser le manque de corps. Le plus léger des Carco que j'aie bu.

Grotte di Sole Rouge 2002 (cuve)
on sent que la parcelle et son orientation sont prépondérants dans les millésimes moyens, vu la façon dont le GdS se détache du Carco. Rien à voir. Un beau fruit, du corps, des tannins, pas de note animale dûe au niellucio, c'est du vin. Bien sûr, loin des 1998 ou 2001, mais meilleur que le 2000.

Grotte di Sole Rouge 2001 (cuve)
une petite bombe de concentré de raisin noir (mûre), de fruit et de corps. Superbe matière.

Carco Rouge 2001 (bouteille)
moins éxubérant, plus profond que le GdS, assagi par le passage en bouteille. impressionant pour un Carco. en sachant que le Carco semble mieux vieillir que le GdS, un potentiel indéniable.

Vermentino VT 2001 (bouteille)
27° potentiel. Pas l'exubérance des 99, mais une richesse et une profondeur magnifiques. Une douceur et une longueur ... du velours. Et toujours cet équilibre grâce à cette acidité présente mais en dentelle. Antoine a été contacté pour faire partie de Sapros...


10 bouteilles grapillées.

Clos Capitoro Rosé 2001
robe saumon. nez fruité très présent.
bouche vive, au fruité intense mais courte, néanmoins équilibrée, sans agressivité
vin de soif bien fait et sans défaut. 100% sciacarellu

Domaine de Tanella. Cuvée Alexandra 2001 Blanc (Prestige)
nez de sauvignon marqué par le minéral.
bouche grasse mais peu expressive, tendue, droite. On retouve le minéral et un côté iodé. Acidité diffuse. Avec une acidité plus perçante et droite, je serais parti à l'aveugle sur du chardonnay comme un 1er cru de Chablis, côté iodé mis à part. Un potential certain, mais quelle évolution ? En tout cas, pas typique du vermentino, mais plutôt du terroir de Figari (voir commentaires de visite Y.Canarelli). Matière et longueur correctes.

Rosé d'Alzeto 2002
robe saumon pâle. attaque acidulée, très léger perlant. nez fruité mais fin et discret.
bouche grasse, bonne longueur. basé sur le sciacarellu, mais je parierais qu'il y a une part de vermentino.

Leccia Rouge 2000
nez sur la mûre, pointe animale. robe rubis sombre.
bouche sur le fruit, charnue. bonne matière pour une cuvée de base et un 2000. Tannins fins et bonne acidité qui garde la bouche dispo, malgré un caractère "costaud" indéniable, mais on retrouve un poil de côté animal et alcooleux.

Clos Capitoro Blanc 2001
robe très pâle, nez très discret dans un 1er temps, puis simple et fruité.
bouche : attaque fruitée et acidulée sur les agrumes, assez sèche. reste sur des notes iodées. un peu de gras.
vin simple et franc, clairement un vin de crustacés et de poisson grillé.

Domaine de Torraccia, Rosé 2002
vin franc et simple, mais de tous les rosés goutés, c'est celui a le fruit le plus pur, sans faux goût après plusieurs verres... vin de soif, mais assez costaud pour accompagner les tapenades. Un des mes préférés à table.

Leccia Blanc 2001
nez de fruit mûr, notes exotiques, qu'on retrouve en bouche
attaque avec un léger perlant, soupçon de résiduel.
agréable, de la matière, du volume, mais peu complexe et longueur moyenne.

Leccia Rosé 2001
robe saumon soutenue, nez fruité de bonne intensité
attaque avec un léger perlant. rosé structuré et fruité, mais mononlithique et un peu déséquilibré sur l'alcool.
la moins bonne couleur des vins de Y.Leccia

Orenga de Gaffory Rosé 2001
robe saumon soutenue. Rosé standard sans originalité ou typicité particulière.
Fruit, gras et longueur corrects. Attaque acidulée domine en bouche. S'estompe 1h après ouverture

Domaine de Tanella. Cuvée Alexandra 1999 Rouge (Prestige)
robe grenat. nez de "bordeaux" sauvage.
profondeur et structure du niellucio, mais pas la puissance.
bonne longueur, acidité, fraîcheur
belle cuvée, élégante, tannins fins en bouche

marc