3ème dégustation, vendredi 18h
Aloïs Kracher



Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s'agit de l'un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) producteurs de liquoreux d'Autriche (et donc du monde. Avis très personnel.) Sur l'estrade, on a droit à la présence d'Aloïs Kracher en personne.


1- Muscat Ottonel beerenauslese 97 (il s'agit d'une 2ème trie) : robe citron doré. Nez intense et frais de rhubarbe, de foin, ou plutôt d'infusion et légèrement muscaté. En bouche, une finesse extraordinaire (si je pars comme ça, je ne sais pas quels adjectifs je vais pouvoir employer par la suite, parce que cela va aller crescendo...), une fraîcheur du type menthe (mais c'est une image pour donner une idée de la fraîcheur, il n'y a pas les arômes de menthe), l'alcool ne se sent pas du tout, on sent qu'il y a du sucre (130g si j'ai bien compris ? Info à prendre avec circonspection, j'ai peut-être confondu avec l'un des suivants) mais sans aucune lourdeur, avec un équilibre magnifique, différent de ce que l'on fait à Sauternes par ex, mais tout aussi beau.

2- Bouvier - Beerenauslese 97, cuvée n°2. 10,5°. Le nom Bouvier viendrait d'un soldat de l'armée de Napoléon (l'ogre Corse pour nos amis anglophones) qui aurait amené le cépage (si j'ai bien compris). Robe dorée, grande concentration, du gras, une finesse exceptionnelle, beaucoup de liqueur mais parfaitement équilibrée par l'acidité. Registre aromatique plus classique (pour moi), plus agrumes (citrons) et fruits exotiques.

3- Zweigelt rosé beerenauslese 97, "Nouvelle vague", cuvée n°4. 12°. 1ère trie. Robe ambrée, des arômes se rapprochant (un peu) des très grands banyuls ou rivesaltes, mais sans l'alcool (la brûlure), toujours avec cette magnifique fraîcheur en bouche.

4- Muscat Ottonel beerenauslese 97, cuvée n°5, 1ère trie. 10,5°. Robe plus dorée que la 1ère btl. Plus de liqueur, de gras, de complexité et également des arômes plus classiques, sans la rhubarbe. Toujours cette merveilleuse fraîcheur et cet équilibre parfait. On se regarde avec Michael et on n'en revient pas...

5- Chardonnay beerenauslese 97. (Contiendrait en fait 20% de Welchstriesling). 12,5°. Plus d'acidité que dans les bouteilles précédentes, mais encore plus de gras et de liqueur. Et un boisé sensible, mais "il n'y a rien de mieux pour éviter les problèmes quand il y a beaucoup de sucre résiduel" dixit Aloïs Kracher. Qui a dit qu'on ne pouvait pas faire de liquoreux avec du chardonnay ? (Salut Florent! Médites ce vieux dicton d'outre-Saône : "toute vérité en deça de la Loire, pardon du Layon, n'est plus forcément vraie au-delà" :-)

Remarque : 97 n'est pas une grande année de liquoreux en Autriche, d'après Aloïs Kracher. Il n' a donc pas fait de Trockenbeerenauslese cette année là (que j'abrègerai dans la suite en TBA, si ça ne vous fait rien... ben oui, c'est qu'il va y en avoir plusieurs!).

6- Traminer beerenauslese 96, cuvée n°1. 14°. Robe dorée. Un soupçon moins de finesse, ou plutôt, un équilibre un peu moins parfait (on sent un peu l'alcool). Mais toujours autant de gras, de liqueur et de complexité.

7- TBA Scheurebe 96, cuvée n°3, "zwischen den Seen". 10° Robe presqu'ambrée. A nouveau les arômes de thé ou d'infusion et toujours un gras et une liqueur exceptionnels mais parfaitement équilibrés par l'acidité qui donne cette merveilleuse impression de fraîcheur.

8- TBA Grande Cuvée 96. (Cuvée n°7). 12,5°. 60% Chardonnay + 40% Welchstriesling. D'après ce que nous a expliqué, Aloïs Kracher, il ne réalise sa grande cuvée que les années exceptionnelles. Il s'agit d'une cuvée dans laquelle il assemble ses meilleures cuves avec comme seul critère : faire une cuvée la meilleure possible. Et alors là... c'est le top du top... il y a plus de tout (si! si! c'est possible, on l'a goûté!). Plus de concentration, plus de gras, plus de liqueur, plus de complexité et toujours cet équilibre parfait et cette merveilleuse fraîcheur.

Pour ceux qui connaissent l'échelle de notation d'Hugh Johnson, ce serait tout en haut : "j'achète le vignoble, j'épouse Aloïs Kracher, etc"... :-))) (Pour ceusss qui ne connaissent pas l'échelle d'Hugh Johnson, elle commence par quelque chose comme : "inhalation seulement et de loin", quelques échelons plus haut il y a "j'arrive à en avaler un verre", puis "je m'dépêche de vider mon verre pour courir en acheter une caisse" etc... jusqu'au dernier échelon où il se ruine pour acheter tout le vignoble. Si j'vous prècise ça, c'est en fait parce que j'ai une idée derrière la tête... C'est juste une humble suggestion pour les amis iacchossiens adeptes de l'échelle qui commence par beurk! pour malheureusement ne se continuer que par de vulgaires étoiles. Avec l'humour que vous avez, vous allez bien pouvoir nous inventer une échelle un peu plus marrante, non ? Allez, un p'tit effort!)

9- TBA Grande cuvée 95 (cuvée n°12). 12°. 80% de chardonnay + 20% de quelque chose (le Welchstriesling aussi je crois, mais je n'en suis pas sûr). Idem la cuvée précédente : la perfection pour moi.

M****, 9... où sont passées mes notes sur la 10ème bouteille ??? Faut dire que je n'étais plus dans mon état normal depuis le début de cette dégustation : j'avais atteint le nirvana des oenophiles... mais rassurez-vous, si j'ai oublié de la commenter, je n'ai pas oublié de la boire... :-))

En conclusion, je dirais que ces grands liquoreux d'Aloïs Kracher ont un équilibre différent de ce que je connais à Bordeaux : ils ont moins d'alcool, mais plus de sucre résiduel, et suffisamment d'acidité ce qui donne en bouche une grande sensation de fraîcheur et pas du tout le côté un peu brûlant qui semble dû à un excès d'alcool (vins chaptalisés ?) qu'ont souvent les Sauternes lorsqu'ils sont jeunes.

Les vins que j'ai bus jusqu'à aujourd'hui et qui se rapprochent le plus de ce type d'équilibre, sont l'Insoumis 96 de Mireille et le Gaillac Délires d'Automne 97 de Lescarret. Ainsi que la VT gewurz 97 d'Ostertag, pour la sensation de fraîcheur en bouche. (Peut-être aussi Maria Juby 97, mais je ne peux pas être affirmatif, parce que la seule fois où je l'ai goûtée, c'était en fin de notre 1ère soirée iacchosalpine, et je dois avouer que j'étais un peu bourré et ma mémoire a un trou...)

Fin de notre 1ère journée de travail.

Michael et Pierre m'ayant bien demandé de ne pas dire ce que nous avons fait la nuit, je ne vous dirai donc pas dans quel b****l on est allé.
;-O.