1ère dégustation
Hermitages de JL Chave



1er CHAPITRE : vendredi midi, dégustation des Hermitages 98, 97, 95, blancs et rouges du domaine Jean-Louis Chave.

Nous voilà donc assis en bonne place avec 6 verres devant nous (malheureusement encore vides...) Face à nous une petite estrade sur laquelle s'installent outre Gérard et Jean-Louis Chave et 2 personnes inconnues (un présentateur/organisateur et un oenologue italiens, ce dernier ayant pour fonction de décrire les vins. Sorry, je n'ai pas réussi à comprendre leurs noms... faut dire que de la belle langue de Dante, je ne comprends malheureusement que la gestuelle... mais rassurez-vous, quand c'était vraimant important, j'ai fait appel à mon traducteur personnel, j'ai nommé "il signore Michael Lyons-Pizzini" :-))), et avec eux, une tête bien connue des lecteurs de la RVF : Alain Senderens!

Après une brève introduction du présentateur italien, JL Chave prend la parole et décrit son domaine. Puis commence la dégustation...

1- Hermitage blanc 98 : robe citon clair. Nez très floral, surtout au bout d'une demi-heure. Bouche d'une finesse et d'une persistance extraordinaires, très jeune, sans la note légèrement oxydative (le terme n'est sans doute pas exact) que prennent les Hermitages en vieillissant, avec une note boisée, mais délicate, sans exagération.

Sur l'estrade, le camarade Alain (pas moi, l'autre) commence à s'échauffer. Il part dans une grande tirade à la Jean-Pierre Coffe contre les excès du bois dans l'élevage. Du style : "les vins de Chave sont remarquables parce qu'(entre autres) ils ne sont pas boisés. Parce que le boisé C'EST DE LA M***E!" etc... J'ai pas pu tout noter parce que le camarade Alain a l'air un peu méridional et il accompagnait son propos avec de larges gestes, ce qui fait que le micro qu'il tenait dans sa main droite et dans lequel il était sensé parler, était rarement devant sa bouche... :-))

Après cette tirade, il se calme, rentre dans une sorte de méditation intense, ce dont profite l'oenologue italien pour décrire le vin. Après quoi, Alain sort de sa prostration pour nous lancer : "ben avec ce vin je verrais bien une fricassée de légumes avec des coquilles St Jacques ou alors une dorade". Amis iacchossiens heureux possesseurs d'Hermitage blanc 98 de Chave, à vos casserolles!

2- Hermitage blanc 97 : même robe, mais avec plus de gras que le 98. Un léger boisé très bien intégré. Moins de vivacité, un début d'arômes d'évolution (la note d'orange/oxydative) et un gras voluptueux qui enrobe bien la bouche, sans rien qui accroche. Avec ça le camarade Alain propose du ris de veau.

3- Hermitage blanc 95 : robe à peine plus foncée. Nez plus intense, avec une note florale (violette pour moi, mais la vraie, celle qui pousse dans les prés, pas celle de la syrah ;-)). En bouche, une très grande finesse, avec en finale une note légèrement brûlée. Une bouteille un peu fermée (elle commencera à s'ouvrir un peu au bout de 3/4 d'h), avec un début d'arômes tertiaires. Avec ça Alain propose une poularde de Bresse (et il insiste auprès du traducteur italien : de Bresse!) et un risotto sec.

4- Hermitage rouge 98 : robe classique syrah jeune, (100% syrah, dixit JL Chave), la plus limpide des 3 rouges. Nez encore totalement sur les arômes primaires de syrah. Bouche très tanique, de syrah... j'avoue avoir du mal à goûter les syrah jeunes... Une finesse certaine néanmoins. Avec ça Alain verrait bien une grillade de marcassin, mais sur un feu fait avec le bois d'une vieille barrique de Chave, ou si vous n'avez pas la barrique de Chave sous la main (ce qui peut arriver ;-)), des rognons à la chem*** (désolé j'arrive plus à relire mes notes :-((()

5- Hermitage rouge 97 : nez de syrah, mais avec une évolution vers des arômes tertiaires de type animal qui se retrouvent en bouche. A l'aveugle je lui aurais sûrement donné nettement plus de 3 ans. Alain Senderens y a trouvé une certaine tendresse qui lui suggère de l'accompagner avec un foie de veau roti pour l'accord de texture, ou un perdreau si vous l'attendez jusqu'à l'hiver prochain (en ce qui me concerne j'aurais plutôt tendance à l'attendre une dizaine d'années au
moins...)

6- Hermitage rouge 95 : nez de syrah, un peu fermé. Bouche également un peu fermée qui semble moins évoluée que celle du 97, ou plutôt qui semble s'être refermée. Avec ça Alain propose un râble de lièvre avec une sauce à la lie de syrah réduite et une moutarde italienne qu'il venait de goûter et qu'il a beaucoup aimée mais dont il n'a pas réussi à retrouver le nom (elle serait même meilleure que celle de Crémone).


Voilà pour le 1er chapitre... Pas la peine de vous préciser qu'avec Pierre et Michael, on a siroté nos verres jusqu'à la dernière goutte... et que si nos mamans ne nous avaient pas si bien élevés, on aurait bien fini aussi ceux des voisins... mais bon, on avait encore du *travail* devant nous et on s'est donc décidé à lever le c** de nos chaises (faut dire qu'on était les derniers et que les jeunes serveurs qui débarrassaient commençaient à nous regarder de travers...)


Une petite critique concernant cette dégustation, en la comparant avec celles qui vont suivre. Si le but des Chave est de faire découvrir leurs Hermitages à des gens qui ne connaissent pas du tout ce genre de grands vins, c'est une erreur de ne faire goûter que des Hermitages jeunes : AMHA il est absolument impossible à un néophyte d'avoir la moindre idée de la complexité, l'harmonie, etc... que vont prendre ces vins au vieillissement, surtout les rouges. La réaction d'une personne "normalement constituée" et qui découvre ces vins risque d'être : "Pouah! Dégueulasse! Encore une bouteille surévaluée et qui n'est bonne qu'après avoir lu l'étiquette..."*

* Toute personne qui se reconnaitrait dans ce genre de commentaire, est priée de ne pas accepter mes excuses, c'est bien elle que je vise...
;-)